Petites manigances entre amis consentants... [PV Dan]

Le pas régulier, plutôt rapide, l'énergie ravivée par la curiosité, Abigail se dirigeait vers "le lieu". La journée avait commencé de manière tout à fait morose. D'autant plus avec l'hiver qui pointait le bout de son menton (le nez étant déjà passé depuis belles lurettes) et avait amené avec lui ses gros nuages gris et son vent glacial. Pourtant, un petit quelque chose était venu chambouler la matinée de la jeune fille. Et ce petit quelque chose avait pris la forme... d'un minuscule hiboux en papier.

Dès qu'elle avait vu le message enchanté, Abi s'était préparée au pire, baguette dressée prête à jeter un sort de combustion dès qu'il se serait suffisamment approché. Dans sa tête, la même écho s'était mis à valser indéfiniment:

*Si c'est encore une mauvaise blague de Morten, j'irai lui roussir ses petites fesses...*

Alors que l'objet s'avançait en voletant, tanguant dangereusement à chaque mouvement d'air autour de lui, elle-même s'était relevée, et avait reculé de quelques pas par mesure de sécurité. Tout était identique: de la manière d'agir, au pliage parfait du papier qui respirait l'auto-satisfaction... sauf...

*Dan... Quel crétin. Bonjour la discrétion.*

L'oiseau était certes parfait, et il avait beau se déplacer exactement à la façon des mots envoyés par le serpentard, Abi comprit immédiatement qui en était l'instigateur: qui d'autre que Daniel Carter aurait eu l'extravagance d'y ajouter un "message urgent" répété sur fond de "mission impossible" ? Avec un regard d'excuse pour les serdaigles installés près d'elle, Abigail avait tendu la main. A son plus grand soulagement, la musique s'était arrêtée sitôt que le papier y eut échu. Avec un petit sourire, elle avait touché l'origami du bout de sa baguette en chuchotant le mot de passe habituel, et il avait repris sa forme originelle dans un bruit de papier froissé.

Dès qu'elle en avait lu le contenu, Abi s'était empressée d'y répondre. Et maintenant, elle se retrouvait face à la porte du Placard à Balais, hésitant quant à la marche à suivre. Devait-elle entrer maintenant ? Ou attendre Daniel ? D'un autre côté, si quelqu'un les voyait ensemble à cet endroit, les rumeurs allaient filer bon train. Et elles arriveraient probablement aux oreilles de William. Il n'y avait pas non plus de quoi s'inquiéter, Daniel étant le meilleur ami de son frère, mais elle connaissait suffisamment ce dernier pour savoir qu'il valait mieux ne pas tenter le sort.

Au bout de quelques secondes de réflexion, durant lesquelles sa main était restée en suspens au-dessus de la poignée rouillée, Abigail s'était finalement décidée à entrer (après avoir au préalable vérifié que personne ne l'observait). La porte s'ouvrit dans un grincement à fendre l'âme, et l'étudiante se retrouva bien vite dans la petite pièce à la fois exigüe et familière. Quoique la dernière fois, il y faisait moins sombre... et puis il n'y avait pas toutes ces choses par terre... et elle n'avait pas non plus...

"Outch !"

... trébuché sur quelque chose de dur dans un vacarme assourdissant, ni ne s'était affalé sur un être probablement vivant vu les grognements qu'il venait d'étouffer... Après avoir repris ses esprits, la jeune serdaigle chercha sa baguette à tâtons. Celle-ci sembla venir se loger toute seule dans la paume de sa main gauche, comme dotée d'une conscience propre. Un "nox" prononcé d'une toute petite voix s'éleva dans l'atmosphère étouffante du placard, et la lumière... fut ?!

"Ah, Daniel... je... suis désolée."

La jeune fille prit un air coupable en se redressant, déportant ainsi son poids sans y prêter attention sur une main... qui se trouvait malencontreusement appuyée à un endroit plus qu'important de l'anatomie du gryffondor...

Dan s’était précipité hors du dortoir pendant que Will était dans la salle de bains. Depuis trois jours qu’ils avaient eu leur conversation, son ami devait s’en vouloir énormément de l’avoir lâchement abandonné pendant plusieurs jours auparavant et essayait de se rattraper. Alors même que le gardien cherchait désespérément à parler avec la sœur de son meilleur ami afin de continuer leur petit complot. C’est qu’il avait de nouvelles informations à lui communiquer. Et il voulait aussi échapper à l’humeur de chien de William. Ce dernier avait appris qu’Emma avait fini à l’infirmerie suite à sa promenade sous l’orage, et il s’en rendait coupable comme si c’était lui qui avait forcé la Serdaigle à se rendre dans le parc par un temps pareil. Pour un peu, il ne le supporterait pas encore longtemps.

Il était en avance. Le couloir était désert, pas un signe de son amie. Il entra dans le placard avec un sourire moqueur. La dernière fois, Abi avait voulu tout révéler de cette entrevue à son frère. Désormais, il ne risquait plus de se faire assassiner de façon douloureuse par ce dernier, puisque la jeune fille avait tout autant intérêt que lui à ce que leur plan aboutisse.

La porte s’ouvrit enfin une seconde fois. Dan reconnut la chevelure brune de la Serdaigle, mais avant qu’il ait le temps de dire quoi que ce soit, elle s’écrasa lamentablement sur lui. Après moult râlements de la part du Gryffondor, accompagnés de grognements, il essaya de se relever tout en massant son postérieur douloureux, sur lequel il était tombé. Mais l’attaque envers sa petite personne qui suivit lui arracha un gémissement de pure souffrance. Elle avait osé. Elle avait écrabouillé ses bijoux de famille. Emasculé le Dan. Il songea un instant que si jamais Maëdy voulait des enfants, ils devraient recourir à l’adoption. Puis il se rendit compte que c’était non seulement vraiment pas le moment de penser à ça, et que si déjà, il était encore avec celle qui était maintenant sa petite amie officielle dans cinq ans, alors il repenserait à l’idée d’avoir un bébé.

« Ab… T’es vraiment… Maladroite parfois… » réussit-il à dire au bout de deux minutes courbé sur lui-même, les mains sur son bas ventre.

Il lui fallut encore dix minutes avant de pouvoir se tenir droit et parler correctement.

« Bon, je peux te faire mon rapport sans que tu essaies de me tuer ? »

Il les fit se relever tout les deux, puis tint à hauteur de leurs visages la baguette de la Serdaigle d’où émanait une faible lueur, qui leur permettait de se distinguer dans l’obscurité du placard.

« Donc. Ton frère a confirmé nos soupçons avant-hier. Il est revenu de sa leçon avec Emma assez abattu, et il m’a beaucoup parlé. De June, entre autres… Enfin, tout ça pour en arriver au fait qu’il sait qu’il tombe amoureux d’elle, et il veut tout stopper avant de trop souffrir. En plus, Emma s’est retrouvée à l’infirmerie pendant deux jours parce qu’elle est sortie sous l’orage mercredi soir, et comme ton frère avait décliné son invitation, il se sent coupable, tu le connais quoi… Ah, et aujourd’hui, j’ai essayé de voir Emma, mais visiblement, elle m’évite, parce que chaque fois qu’elle m’aperçoit, elle fait demi-tour. »

Abigail s'en mordait les doigts. A la fois parce qu'elle venait de faire une grosse bourde, et aussi pour ne pas rire. Non, ça aurait été bien trop mesquin...

"hmpf"

Quant à ça, c'était un son à demi étranglé en provenance directe de sa gorge, résultant d'une tentative malheureuse visant à ne pas pouffer ouvertement.... En définitive, le tragique de la situation était bien trop élevé pour... qu'elle... arrive à se retenir plus longtemps ! L'étudiante rit carrément aux éclats. Elle s'en voulait terriblement, mais jamais, oh grand jamais, elle n'aurait cru que ce spectacle s'offrirait à elle un jour. Lorsque Dan réussit à parler correctement, la jeune fille s'obligea à se calmer, essuyant une larme, et soufflant entre deux hoquet joyeux:

"Oui... oui, vas-y, je, t'écoutes."

Daniel se redressa enfin. Elle était tout à fait sérieuse et attentive, à présent, à chacune de ses paroles. A la fin de son "rapport", Abi fronça les sourcils. C'était une situation de crise. Il fallait faire quelque chose, ça devenait une nécessité. Un air soucieux lui colla au visage alors qu'elle réfléchissait à voix haute, sur un ton théâtralement dramatique.

"On a bien fait de se retrouver. C'est grave. Plus grave que je ne le pensais..." Elle eut un bref sourire, avant de redevenir sérieuse: "De mon côté pas grand chose de nouveau. Rien qui soit intéressant. En tout cas, je confirme, j'ai vu William il y a peu: il est vraiment dans un triste état. A voir comment Emma le fait tourner en bourrique, j'espère au moins qu'ils finiront par filer le parfait amour, ou ce qui s'en approche le plus. Non franchement, ce qu'il peut être idiot. Rassures moi, c'est pas génétique au moins ?!" La jeune fille enchaîna directement, pour ne pas donner la possibilité à Dan de répondre par l'affirmative, sait-on jamais:"Non, blague à part, il faut qu'on entre en action. C'est bien beau d'espionner, et de ramasser des informations, mais il faut qu'on fasse quelque chose de plus... concret."

A vrai dire, Abigail ne faisait qu'énoncer ce que tout deux savaient parfaitement, mais c'était nécessaire. Il fallait qu'ils rassemblent à présent leurs idées.

"Je ne crois pas qu'il faille frapper un bon coup non plus. Peut-être juste de petites actions. Quand... *hmm*.. au bal ! On doit bien pouvoir trouver quelque chose ! Déjà, William sera bien obligé de m'accompagner. C'est cruel, je sais très bien qu'il n'aime pas ça, mais on le fait chaque année alors bon... et puis il faut qu'il me surveille, ce genre de choses, tu sais. Enfin bref, donc, on peut monter quelque chose pour le bal. Maintenant il faut qu'on voit pour Emma. Tu sais pourquoi elle était à l'infirmerie pendant tout ce temps ? C'est bizarre en tout cas: il y avait un mec qui tournait un rond devant la porte quand j'y suis passée la dernière fois. Je ne sais pas qui c'est, mais je l'ai entendu prononcer son nom... enfin, sur le coup j'ai cru que j'avais rêvé. Peut-être que c'est lié... ? Ou alors il faudra s'en méfier. Il s'en sort pas mal quand même niveau classe et il ne faudrait surtout pas que ça soit un concurrent..."

Elle fixa son regard dans celui du rouge et or, à la faible lumière de sa baguette, attendant de voir ce qu'il en pensait, lui... elle-même en tout cas était à cours d'idées. Pour le moment.

Dan fusilla Abi du regard quand elle éclata de rire. Elle se moquait de lui alors qu’elle venait de faire une tentative d’émasculation qui avait presque réussi. Enfin, il ne lui en voulait pas trop quand même, il se doutait bien que la jeune fille n’avait pas fait exprès. Il l’espérait du moins, parce que dans le cas contraire, de lourdes représailles seraient une petite justice bien méritée. Comme elle se calmait enfin, elle commença à lui expliquer ce qu’elle, elle savait. Et ça ne donnait pas grand-chose de plus que le Gryffondor, au final.

« En même temps, c’est ton frère. Butés comme vous êtes tous les deux, tu te doutes bien qu’il va pas y mettre du sien… »

Seulement, une des remarques d’Abigail lui donna matière à réfléchir.

« Tu crois vraiment que ce serait le genre d’Emma de lui faire ça ? De faire ça à un garçon, de manière générale ? J’veux dire… Non, sérieusement, pas elle. Son frère est peut-être la pire bouse de dragon qui existe sur terre – et encore, c’est méchant pour les bouses – elle, elle est gentille. »

Mais il était d’accord avec elle. Il fallait qu’ils agissent, et le bal qui approchait était encore leur meilleure occasion. Surtout que ce n’était pas Will qui allait essayer de trouver Emma, ni elle qui ferait un effort, puisque visiblement, et même si Dan était le seul à la remarquer, les deux jeunes personnes faisaient tout un cirque pour ne pas se croiser. C’était même étonnant qu’ils ne se soient pas rentrés dedans à force de faire nombre de détours chaque fois qu’ils s’apercevaient l’un l’autre.

« La seule chose que je pense qu’on peut faire, c’est nous débrouiller pour qu’ils dansent ensemble. Si après ça, ils pouvaient se parler, et se rendre compte d’à quel point ils sont dingues l’un de l’autre, ça serait un petit coup de pouce du destin tout à fait acceptable. »

La mention du second garçon le fit sourire avec un air moqueur.

« Ouais, Will m’en a parlé. Starks, préfet de Poufsouffle, meilleur ami d’Emma et amoureux d’elle. Il a été éconduit, donc c’est pas vraiment un danger. Enfin bon… C’est pas tout ça, mais on ferait bien d’y aller. Ton frère va remarquer mon absence et me chercher. Il s’en veut un peu de m’avoir abandonné ces derniers temps… »

Le jeune homme ouvrit la porte du placard et laissa passer sa camarade en premier. Ils partirent chacun dans une direction, réfléchissant au meilleur moyen pour réunir leurs deux futures victimes.

RP Clos