Il était une fois...

Sujet: Il était une fois... Ven 12 Mar - 0:48

Bizarrement j'ai eu l'envie de poster avec ce doux personnage. Bon, il est évident que c'est la première fois que je me lance vraiment dans ce genre de choses depuis des années... et *hum* l'idée m'est venue alors que je prenais mon bain...

ﻵﻺﻓﻈﻁﻅﻍﻵﺭﺳﻎﻑﻊﻉﻱ Prologue ﻊﻉﻵﻵﻺﻓﻈﻁﻅﻍﺭﺳﻎﻑﻱ

.......... Y a-t-il une vie après la mort ? La réponse la plus juste resterait probablement « ça dépend des gens ». Mais en l’occurrence, il s’agissait d’un réponse très peu satisfaisante. Pour Elyne en tout cas, s’en était une de ce genre là. Insuffisante. Car en cet instant précis, elle constatait simplement qu’elle était entrain de mourir. Alors que lui répondre ? Que répondre à une gamine de douze ans, dont la conscience est bien plus antérieure ? La réincarnation ? Le Paradis ? L’enfer ?
.......... L’eau s’infiltrait sombrement par les fissures du par-prise. A l’avant, sa mère agonisait déjà dans son comma. Elle s’était cognée la tête lors de la chute. Un mince filet de sang s’échappait de son crâne fracturé.
.......... Dans ce monde-ci, le corps, l’esprit, la conscience et son reflet sont trois choses bien distinctes. Dans ce monde, lorsque le corps meurt, l’esprit s’en détache, emportant avec lui la conscience et son reflet. Lorsque l’esprit entre dans la salle d’attente du Presque Haut Delà, sa conscience et son reflet s’en détachent pour rejoindre le Lieu. L’esprit quant à lui disparaît dans les vignes qui entourent le Domaine de la Mort. Sauf dans certains cas.
.......... Au volant, son père, brusquement dessoulé tente de détacher sa ceinture. De grosses bulles s’échappent en tout sens, dans l’espoir de retrouver la surface oubliée. Toujours plus loin. A chaque mètre perdu, la carrosserie de la voiture émet des craquements et grincements, gémissant sous la pression du lac.
.......... Dans certains cas, La conscience en vient à former une entité à part, munie d'un pouvoir particulier, en lien avec la mort de son corps. Elle persiste dans la forme de l’esprit, comme un résidu de la vie passée. Et elle agit, ancrée au monde jusqu’à la fin des temps. Ou du moins, jusqu’à ce qu’elle ait atteint l’objectif qu’elle s’était donné en refusant l’Haut Delà…
.......... Son père n’arrive pas à se détacher, finalement. Il se tourne vers elle, dont les yeux sont déjà presque vitreux. Elle n’a plus d’air. Elle va mourir. Et elle n’a que douze ans. Trop jeune diront certains. Mais la Mort viendra les cueillir tout de même tous les trois.
.......... Le maître tentera par la suite de convaincre la conscience et son reflet de quitter l’esprit. Et parfois, ça ne marche pas. A cause de l’incompréhension le plus souvent. « Vous êtes mort, et vous devez à présent vous délester de votre vie passée. Vous avez quitté votre enveloppe charnelle, et à présent il faut que vous alliez de l’avant. » Ce à quoi la conscience toujours emberlificotée à l’esprit répond avec étonnement « Ah bon ? Mais j’ai encore plein de choses à accomplir ! »
.......... Elle est bien trop jeune pour y avoir pensé. Mais dans les films à l’eau de rose, Elyne aimait beaucoup le moment où l’âme se dirige vers la lumière blanche.
.......... Encore une question bien étrange. Dans ce monde-ci, qu’est-ce que l’âme ? Dans ce monde-ci, l’âme est la conscience et son reflet ayant enfin accompli leur objectif. Dans ce monde-ci, l’âme est l’accomplissement final, la forme heureuse et complète sous laquelle retourne la conscience et son reflet. La forme sous laquelle Elle peut enfin atteindre l’Haut Delà.
.......... Mais là. Ni lumière, ni tunnel. Juste de l’eau à perte de vue. Une eau sombre et noire. Et au loin un bruit de sabot. Lourd. Très lourd. Puis une voix. Indistincte. Elle leur demande de bien vouloir les suivre, balance sa faux, les prend tout trois en croupe, et les amène vers leur prochaine destination. Et Elyne s’écrie durant tout le trajet les mêmes mots larmoyants, bien qu’aucun ne puisse sortir de sa bouche raide…
.......... « Il nous a poussés, il nous a poussés, IL NOUS A POUSSES ! »

Sujet: Re: Il était une fois... Ven 12 Mar - 1:22

ﻵﻺﻓﻈﻁﻅﻍﻵﺭﺳﻎﻑﻊﻉﻱ Chapitre 1 ﻊﻉﻵﻵﻺﻓﻈﻁﻅﻍﺭﺳﻎﻑﻱ

..........Il contemplait un gros bouquet de tulipes couleur sang, sagement arrangées dans leur immense vase de porcelaine bleue. Les fleurs semblaient mues d’une vie propre. Et nul doute qu’avec leurs crocs acérés, elles auraient dévoré sans souci d’éthique le doigt assez hardi pour les caresser... « Monfieu Ward. Fa faisait un pefit moment que nous ne vous afions pas vu il me femble. » Le petit bonhomme chauve et rondouillard qui l’avait tiré de ses rêveries chaussa ses lunettes épaisses avec des gestes précis, avant de consulter sa montre d’un air très concentré. Son sourire édenté et noirci par quelques caries, faussement affectif, disparut brutalement alors qu’il ajoutait, soudain hostile : « Au moins finq heure, si fe ne me trompfe pas. »

..........La bulle dans laquelle il se trouvait explosa dans un bruit tout à fait sinistre.

*plop*.

Adriel revint soudain à ce qui se rapprochait le plus de la réalité dans cet endroit. « Ah, Steen. Vous n’avez pas maigri à ce que je vois ». Ce à quoi lui répondit un grognement exaspéré. Le lieu lui était étrangement familier, comme s’il y avait passé la majeure partie de son temps... Après mures réflexion, le jeune homme se souviendrait que c’était effectivement le cas. Pour l’heure, il jetait simplement des regards hagards tout autour de lui. Il se trouvait dans un grand hall. Quoique immense aurait été un terme beaucoup plus approprié. Aux plafonds pendaient d’impressionnants lustres aux allures de cristal, tout aussi bien en longueur qu’en largeur. Sous ses pieds, un épais tapis rouge soufflait sous la pression qu’il lui infligeait, s’indignant du peu de respect qu’on lui témoignait. En suivant ses courbes des yeux, Adriel s’aperçut qu’il sillonnait habilement entre de fines colonnes élancées aux innombrable dorures tarabiscotées. Et aux murs, des chandelles dégoulinant de cire noire, et des portraits tout aussi lugubres. Enfin, au fond de la pièce, devant un immense escalier à vis du marbre blanc le plus onéreux, un imposant bureau à la marqueterie d’ébène. Le côté à la fois austère et merveilleux de ce dernier était complètement cassé par les nombreux panneaux indicatifs qui l’encadraient... et rehaussés d’écriteaux tout aussi étranges les uns que les autres : Portes de la Double Voix, Taverne des Aubliers, Salle du Triglyphe, Temple des Sabliers, Cours du Vent Entraccusé... et... (Adriel plissa des yeux)… Toi-lettes.
..........Le petit homme, marquant son impatience d’un soupire exaspéré l’invita à le suivre d’une molle courbette, avant de s’éloigner prestement. Arrivé devant l’imposant meuble croulant sous la paperasse, il s’installa adroitement sur un fauteuil en cuire sombre, et appuya sur le bouton d’une télécommande ornée de flèches serpentines, pour l’amener à la bonne hauteur. Adriel prit place en face de lui. Steen saisit ensuite de ses doigts boudinés une feuille jaunâtre, ou étaient entassés diverses mesures. Alors qu’il y ajoutait précipitamment quelques gribouillis à l’aide d’une plume tout aussi noire que le reste de ses affaires, Adriel se pencha un peu en avant. Simple curiosité. Et tenta de la déchiffrer...
« discrètement »... il y avait... son nom ?!

Hein ?! Et ensuite ﻊﻉﻵﻵﻺﻓﻈﻁﺾﻊﺶﻉﺨﻅﻍﺭﺳﻎﻑﻱ... Heu, ouaich, bien sûr..

..........Le dénommé Steen surprit son regard, affichant un air extrêmement mécontent, ses sourcils broussailleux se rejoignant presque. Adriel s’arrêta immédiatement, rougissant alors qu’il se renfonçait dans son siège inconfortable. Le secrétaire émit alors un « tss tss tss » tout à fait significatif en remuant la tête de gauche à droite. « F’aurais du me doufter que fous n’y résisteriez fas. Après tout, Fou nous faîtes le coup à faque fois. Qu’est-fque fe sera aujourd’hfui ? » Après avoir jeté un coup d’œil sur son morceau de parchemin (parce qu’après tout ça y ressemblait fort), Steen releva la tête et toisa le jeune homme de haut en bas... Enfin, les parties qu’il pouvait observer depuis son perchoir. Adriel lui rendit une tentative de sourire bienveillant, la totalité de ses souvenirs lui revenant enfin, avant de répondre d’un ton qui se voulait enjoué:
« Ah, si je me souviens bien je me suis encore endormi.
- Et fos médicament ?
- Oubliés, il semblerait. Sinon je ne serais pas ici, non ? »
Le gros bonhomme (aussi gros qu’il était petit, semblait-il) s’épongea le front à l’aide d’un mouchoir immaculé sorti de nulle part. Il grognait des insanités à voix basse, l’unique parvenant aux oreilles de l’adolescent ressemblant à « Foutu apfnée du fommeil… poufait pas fufte être narcolepftique comme tout le mondfe ce fale… ? » Pour des raisons de bienséance plutôt évidentes, nous censurerons cette partie là du discours. Le sourire d’Adriel se crispa légèrement. Quel sombre idiot ! Ce n’était tout de même pas sa faute s’il avait une forte tendance à contempler l’antichambre du palais de la Mort, non ? Bon... Pour le coup des médocs, il fallait bien l’avouer, il n’avait pas été très inspiré. Il allait vraiment falloir qu’il remette à jour sa carte vitale, s’il ne voulait pas avoir encore à payer bonbon pour refaire son stock. Ah et aussi… « Fou connaissait le femin non ? Fi fous foulez retourner à la fie, il fa falloir allez Le foir directement. Et ne traînait pfas en route comme la dernière fois, fe ne tiens pas à defoir vous faire réapparaître de la fête aux pfieds, fi fous foyez fe que fe feux dire. D’ailleurs fou afez défa les phalanges qui fe font la malle je crois bien… »
..........C’était tout à fait vrai. Voyez-vous, lorsque vous passez un certain temps dans ce monde-ci, qui était plus un pallier entre trois autres qu’un univers à lui tout seul, vous avez tendance à vous estomper. Vos membres sont toujours là, bien sûr, mais ils s’effacent du spectre du visible. C’est aussi à ce moment là qu’Adriel se demanda combien de temps il était resté planté devant le vase glauque de tulipes carnivores. Son petit doigts avaient déjà disparus, et semblait maintenant évoluer dans de l’eau. Il le sentait, mais tout ce qui apparaissait était une vague impression de volutes blanches ondulant là où il aurait du se tenir.
« Fe fou conseillerait de fou dépêfer. Le maître a un rendez-fous important aujourd’fhui.
- Oh, d’accord, d’accord... A la prochaine alors ! Et heu, Steen ?
- Foui, quoi encorf ?
- Ne devriez-vous pas m’accompagner jusqu’à la Porte ? »
..........Ah ça, autre détail que nous avons oublié de mentionner, je crois. La Porte. Un genre de portail vers une autre dimension. Le passage en est tout à fait aisé, si on ne prend pas en compte la danse indienne, les ronds de fumés, le sifflement du requiem de Mozart dans son intégralité, le sacrifice du chat de votre arrière grand-mère et... bon ok, plaisanteries mises à part, elle est plutôt difficile à trouver, vu qu’elle change de place de manière aléatoire toutes les semaines.
..........Avec un nouveau grognement, le secrétaire du palais sauta à bas de son fauteuil (manquant enfoncer le plancher sous lui au passage), et guida notre jeune téméraire à travers un dédale de couloirs obscures qui ressemblaient fort aux tunnels de la chambre des secrets : humides, froids, tortueux... la seule différence majeure résidant en des chandeliers disposés à intervalles irréguliers et identiques à ceux du hall d’entré. Et enfin : La Porte. Des motifs étranges (un peu comme tout ici) étaient gravés dans sa chambranle. Autrement, elle était noire. Mais laquée, cette fois-ci. Un peu à la manière de ces pianos à queue que l’on retrouve chez Yamaha ou Sauter (à prononcer « sautère » bande d’esprits mal placés !). Aucune bosse, aucune anicroche quelle qu’elle soit et... aucune poignée non plus.
..........*hum*, quand je vous disais qu’il fallait accomplir un rituel bien précis pour entrer, vous rigoliez doucement, non ? Et bien maintenant à vous de jouer petits malins ! Et pendant que nous parlons, Adriel remercie bien sagement son guide (autant être poli avec les gens que l’on est sûr de revoir, après tout). Alors que faisons-nous maintenant, hein ? Le jeune homme s’avance vers la porte, plein d’assurance...(enfin, l’assurance de celui qui a fait les geste appropriés des centaines de fois auparavant, ne vous leurrez pas). Que croyez-vous qu’il va faire ? Ahein ? J’attends des propositions ? Oui, Joséphine ? Non, Joséphine, il faut lever la main pour répondre pas claquer des doigts...*Oh ferme la un peu, comment veux-tu qu’on m’entende avec tout ce raffut ?!* Maismaismaisheuuuu ! Il tape doucement à la porte en prononçant son nom distinctement, d’une voix claire et solennelle. T'as cassé mon groove sale anti-héro de mes deux... pieds !
..........Un œil émeraude cerné de rouge, unique en son genre, s’ouvre au milieu de la porte. La pupille en forme de T se lève vers le visage du jeune homme. Un battement de paupière. Un plissement du à la concentration. Un autre battement. « Vous avez rendez-vous ? »
La voix sépulcrale semble, quant à elle, sortir de nulle part et raisonner partout à la fois. Elle réitère sa question, jusqu’à ce que l’œil se plisse à nouveau en dévisagent le jeune homme qui sourit de toutes ses dents. « Ah » Soudain une voix féminine tout à fait banale et dépitée s’élève des hauts-parleurs cachés un peu partout autour de la porte. « C’est toi, Adriel. Je ne sais même pas comment j’ai pu ne pas te reconnaître avec ce sourire idiot.
- Est-ce que tu pourrait m’ouvrir Porte s’il te plait ? Je n’ai pas de rendez-vous mais bon, à force c’est un peu comme si je faisais parti de la famille non ?
- Le maître est occupé. C’est très important. Il essaye de faire comprendre à un esprit très jeune pourquoi il doit partir retrouver ses parents au pays des bisounours, et pas traîner dans le coin.
- Bah, je le comprends, les bisounours c’est pas trop mon truc.
- Bizarrement, moi non plus.
- Bon et sinon... je peux rentrer ? C’est que je suis entrain de m’effacer, et je ne tiens pas particulièrement à perdre ma virilité, si tu vois ce que je veux dire... »
Le jeune homme exhiba sa main gauche presque totalement évanouie dans les limbes avec un regard suppliant.
« Alleeeez, tu sais très bien que passé ce stade ça va très vite pour s’étendre au reste du corps ! Et Steen a dit qu’en aucun cas il ne s’occuperait de moi cette fois. Et tu sais que ce n’est pas mon heure hein ? Imagine la colère du maître si j’y passe par ta faute ! Lui qui aime tellement arriver à l’heure...
- C’est bon, ferme la, je te laisse passer. Mais si quoique ce soit se produit, ce n’est pas ma faute ok ?
- Tu es tellement adorable que je pourrais t’embrasser sur la bouche... si tu avais une bouche et que tu...
A mesure qu’il parlait, une protubérance était apparue sur la porte, le coupant net dans son blabla. Deux grosses lèvres rouges, d’où dépassaient deux canines pointues gouttant du sang le plus frai qu’on ait jamais vu... Adriel eut une grimace de dégoût et fit un pas en arrière, laissant échapper un haut le cœur.
- Non mais tu sais... je déconnais...

..........La Porte coulissa alors dans un ricanement moqueur...