La voix de l'estomac est toujours la plus forte. [ Emma ]

Ozzy se réveilla de très bonne heure ce matin là. Il n'avait que peu dormis, travaillant tard sur un devoir d'histoire de la magie qui, espérait il, remonterait sa moyenne dans cette matière très rigoureuse, mais surtout, très peu intéressante. Cependant, il lui manquait quelques informations, et comptait combler se vide en poursuivant ses recherches à la bibliothèque, avant d'aller en cours. Ozzy n'était pas un élève très studieux, comme le témoigne ce devoir fait à la dernière minute, mais faisait cependant preuve de talent quand il s’agissait de sorts "ponctuels". Il réprouvait la méthode qui consistait à apprendre par coeur des formules dans des livres, pour ne jamais s'en resservir, et préférait s'exercer seul, dans des coins éloignés du parc, quand il jugeait la chose intéressante à savoir. Hors, dans le cas présent, elle était loin d'être intéressante, & le seul moyen pour lui d'obtenir une note correcte, demeurait dans le fait d'aller chercher dans de vieux livres poussiéreux. Il se leva donc aux aurores, s'habilla très rapidement, tellement qu'il ne fit pas réellement attention aux choses qu'il passait sur sa peau, et sortir sur la pointe des pieds, afin de ne pas réveiller les autres Serpentard, encore dorlotés dans les bras de Morphée. Il passa d'un pas rapide la salle commune, illuminée d'une faible lumière verte, & où sommeillait un élève de 3e année, la tête sur une table. Il s'était endormis sur son parchemin, & avait apparemment renversé l'encrier dans son sommeil, qui avait joliment déversé tout son contenu sur le devoir inachevé. Oz' ressentit une violente envie de rire. Non pas qu'il jubilait à l'idée de voir le jeune sorcier recommencer tout un travail qui l'avait apparemment tellement extenué qu'il s'en était assoupi dessus, mais la situation était tout de même sacrément comique ! Le pauvre...Il devait certainement en avoir la joue tachée, elle aussi. Il imagina la tête du jeune Serpentard quand il se réveillerait et verrait ce carnage, et ne puis plus se retenir. Il sortit expressément de la salle en riant d'un rire tonitruant, légèrement étouffé par sa main plaquée contre sa bouche. Une fois dehors, il monta d'un pas toujours pressé vers la grande salle, où le petit déjeuner devrait déjà être servis. Il n'en fut rien. Ozzy regarda d'un air désespéré les quatre tables, immenses, et toujours desservies. Il mourrait de faim, ayant sauté son repas de la veille afin de ne pas s'interrompre dans son ouvrage, et la succulente odeur de saucisses grillées qui émanait des cuisines lui donna que plus l'eau à la bouche. Il se retourna & partit avec résignation, il était absolument inutile de stagner devant cette grande salle vide, au plafond coloré des teintes jaune orange de l'aube.
Arrivé à la porte de la bibliothèque, qu'il poussa très lentement, il ressentit comme un soulagement. Il avait passé sa tête dans l'entrebâillement et regardait, d'un regard félin, si âme qui vive passait par là. Apparemment non, il s'avança donc, referma la porte avec délicatesse derrière lui, et marcha droit vers le bureau de Mme Pince, pour s'assurer de son absence. Quand il eut fut presque parvenu, il fut surpris de voir une jeune de Serdaigne assise à une table, livre en mains, et mangeant de petits gâteaux chocolatés posés sur une délicate serviette de soie violette, ce qui lui rappelait à quel point son ventre criait famine. Elle ne leva même pas les yeux lorsqu'Ozzy passa devant elle, toujours en direction du bureau de la documentaliste. Puis Oz' s'approcha d'une table vide, y déposa son parchemin interrompu, sa plume & son encrier, puis alla chercher le livre qui l'intéressait dans les rayons. Il n'avait pas l'habitude de fouiller dans ces royonnages, et fut vite perdu, entre le " guide des sortilèges les plus utilisés entre le XIe & le XX siècle " & la " reproduction imagée de la grande affaire Newlorn ". Il s'arrêta, ayant déjà parcouru des yeux tout les ouvrages, ne trouvant pas celui qui lui donnerait satisfaction. Il posa ses mains sur une étagère et baissa la tête, réfléchissant à l'endroit où pourrait se cacher ce livre tant recherché. Mais au fil de ses pensées il se perdit une nouvelle fois, & retourna d'un pas nonchalant, mains dans les poches, vers la table où il avait disposé son matériel. Il s'assit dessus, posa ses mains loin derrière son dos & rêvassa un peu. Ozzy était un grand rêveur, & dans son fort intérieur, se déroulaient milles pérégrinations intempestives, qu'il n'avait ni l'envie, ni le courage de chasser. Il leva les yeux, comme observant très attentivement les finesses d'une chose que seul lui pouvait voir. Puis tout d'un coup, un violent gargouillis retentit dans la salle, dont le bruit sembla se répercuter sur toutes les parois murales avec une telle force, accentuée par le silence environnant, que la jeune fille assise non loin de lui sursauta, et en lâcha son livre.

HJ: J'ai un peu détourné l'idée de base, trouvant peu inspirante la réunion de deux être aimants être seuls. Cependant le déroulement de devrait pas s'en trouver trop chamboulé... J'espere que ca ira. (:

Emma était toujours levée aux aurores. C’était comme si elle avait un réveil dans la tête. Sa mère était pareille, donc ça devait probablement venir d’elle. Et quand la jeune fille était chez elle, c’était assez drôle de voir descendre le reste de la famille prendre le petit-déjeuner, avec leurs têtes toutes décoiffées et leurs airs mal lunés, tandis que Bridget et elle parlaient déjà du programme de la journée. Il fallait souvent attendre une bonne heure avant que les autres les rejoignent. Poudlard n’avait pas échappé à la règle. Et comme passer le temps à regarder les autres élèves de son dortoir dormir était relativement ennuyant, elle avait décidé de consacrer ce temps en plus de manière utile et ludique à la fois.
La Serdaigle ne perdait pas non plus de temps dans la salle de bains. Elle n’était pas de ces filles trop coquettes qui cherchaient à attirer le plus de garçons possible, de vraies nymphomanes. Alors qu’il y avait tellement plus important à faire, comme étudier. Pas qu’Emma ne voyait pas l’intérêt d’avoir un petit ami, mais elle ne voyait pas non plus pourquoi il y aurait eu urgence à en trouver un. Pour elle, faire les choses en douceur et laisser faire la nature étaient les meilleures solutions.

Elle s’était donc levée ce matin-là, s’était préparée rapidement, et était sortie de son dortoir. Elle avait dévalé les escaliers de la Tour jusqu’à la bibliothèque, bandoulière de son sac de cours sur l’épaule, et manuels dans un bras. A cette heure, le lieu saint de Mme Pince était presque toujours désert, mis à part la bibliothécaire. Elle poussa la porte et entra dans l’immense et silencieuse pièce. Elle alla directement au rayon qu’elle cherchait, les sortilèges, et sortit des étagères un volume lourd et poussiéreux qui traitait des Impardonnables, sujet dont elle devait rédiger un essai pour la semaine suivante. Elle alla ensuite s’installer à la table la plus proche, posa ses affaires, s’assit et commença aussitôt sa lecture.

Si Emma sursauta quand le ventre d’Ozzy se manifesta, c’est simplement parce que même quand il était passé devant elle, elle ne l’avait pas entendu, trop plongée dans sa lecture. Elle sursauta tant qu’elle laissa le livre retomber sur la table dans un bruit sourd, qui résonna contre les étagères, puis finit par relever la tête à la recherche de l’origine du bruit. C’est là qu’elle aperçut le jeune homme. Elle se retint de grimacer en voyant la couleur de son uniforme. Serpentard. Du moment qu’il ne venait pas lui chercher des noises, tout irait bien. Mais finalement, en le regardant plus attentivement, elle le reconnut. Morten lui avait parlé quelques fois d’un de ses camarades, un élève qui restait très solitaire et qui ne se mêlait pas aux autres. Son frère disait que pour un Serpentard, c’était un peu bizarre, mais la jeune fille ne voulait pas porter de jugement sur ce type de comportement. Après tout, elle se conduisait elle-même de la sorte, alors de quel droit aurait-elle pu se permettre de le juger ?

Avant de venir à la bibliothèque, elle était passée par les cuisines. A l’heure à laquelle elle se levait, il y avait peu de chance que le petit déjeuner soit servi dans la Grande Salle. Donc elle allait toujours demander très poliment aux elfes de maisons si elle pouvait avoir quelque chose à manger. Ces créatures étaient vraiment attentionnées : elles essayaient sans cesse de donner plus à Emma que ce dont elle avait besoin. C’est pourquoi elle avait des gâteaux avec elle. Au bout de quelques minutes de réflexion, elle se leva et prit la serviette dans ses mains, puis s’approcha timidement de la table sur laquelle s’était installé le Serpentard, et posa les gâteaux juste à côté de lui. Elle retourna ensuite s’asseoir à sa place, et recommença à lire.

Ozzy était extrêmement gêné, le rose lui était monté aux joues en moins de temps qu'il le faut pour le dire. Il s'était recroquevillé sur la table, jambe en tailleur, se tenant la tête avec ses bras. Bon d'accord ce n'était pas bien grave, mais ce qui le gênait surtout, c'était d'avoir dérangé la jeune fille. C'était quelque chose dont il avait une sainte horreur, et préférait de très loin se faire discret, aussi silencieux qu'une brise d'été. Il ne savait pas trop, en réalité, si c'était réellement lui qui le préférait, ou si ce n'étaient que des fragments de son éducation. Ses parents étaient d'un calme Olympiens, érudits, ne supportant aucunement le moindre bruit. La maison familiale ne résonnait donc jamais de rires d'enfants, ou de douces comptines, et Oz' devait toujours prendre garde à ses gestes, ne voulant rien renversé, rien déplacé, ses journées se résumaient souvent à regarder par la fenêtre de sa chambre, doucement, le souffle léger. Et s'il dérogeait à la règle, les conséquentes pouvaient être vraiment regrettables; il était parfois privé de nourriture pendant une semaine, ou ligoté sur son lit des journées entières, tellement serré, que ces chaînes invisible lui rentraient dans la peau et faisaient apparaître de profondes marques rouges, comme vermiculées. Au début, de lourdes larmes glissaient le long de ses joues, le chatouillant légèrement, ce qui le faisait au fil des heures sourire, d'un petit sourire innocent, accablé certes, toujours noyé sous le flot discontinu de sa douleur, mais présent malgré tout, fier. Puis, au bout de quelques années, il ne pleura plus. Les larmes montaient, s'accumulaient doucement, mais ne le trahissaient jamais. Il ne souriait plus non plus, son innocence étant à Jamais bafouée, comme piétinée.

Ozzy avait donc été forcé de culpabiliser lorsqu'il dérangeait quelqu'un, aujourd'hui, il se sentait réellement mal, comme autrefois. Il s'attendait presque à ce que la personne en face de lui, qui devait être furieuse, lui jette un sort et s'en aille. Mais au bout de quelques minutes, il n'en fut toujours rien. Ozzy entendit un bruit de chaise, et relevant la tête pour voir ce qu'elle faisait, il la vit s'approcher d'un pas hésitant, poser ses gâteaux sur la table d'Oz avec délicatesse, et s'en retourner, d'un pas un peu plus pressé, lire son livre. Il en resta stupéfait. Il l'observa un peu plus attentivement, et se rendit compte que même si elle avait essayé de lui jeter un sort, il aurait facilement pu le contrer, étant donné la finesse des bras de la jeune fille, son air un peu fragile, un peu maladif aussi. Il se demanda alors si c'était du à l'heure très avancée à laquelle elle avait du se lever, ou si elle était réellement malade, et opta pour la première option, car lui même devait avoir le teint un peu jaune, le profondes marques rouges sous les yeux, le regard morne, sans pour autant être malade. Puis il baissa les yeux sur les gâteaux qui lui donnaient l'eau à la bouche, mais ne pu se décider à en prendre un. Après tout, il ne la connaissait pas, et même si elle lui offrait, c'était peut être quelque peu inconvenant. Il se sentait aussi coupable, d'enlever le pain de la bouche à une jeune fille un peu chétive. Ozzy était généreux, il l’avait toujours été, et ne pouvait se résoudre à commettre cet acte qui était à ses yeux égoïste. Et puis il y avait autre chose, cet instinct de protection, qu'il a souvent eut envers les femmes, en l'exploitant cependant rarement. Il les admirait, les trouvait toutes belles, car leurs cheveux, leurs yeux, leurs ongles, lui donnait un sentiment d'éternité enivrante, quelque chose de non palpable, mais de tellement savoureux. Il regarda alors alternativement les gâteaux et la Serdaigle, puis se leva, reprit la serviette et la posa sur leur table d'origine. Puis il dit d'une voix faible, mais qui demeurait tout de même sonore étant donné le silence qui régnait dans la bibliothèque :

« Merci c'est très gentil... Mais je ne les accepterai que si tu acceptes qu'on les mange ensemble. Ensuite je te laisserai tranquille, je ne tiens pas à te déranger. »

Il lui adressa un petit clin d'oeil malicieux, et un sourire gêné, mais sincère, illumina son visage.

Maintenant qu’elle était de retour à sa place, Emma sortit finalement de son sac rouleaux de parchemins, plumes et encrier. Dans le silence le plus total, elle rouvrit le lourd livre sur les sortilèges et commença à prendre des notes pour terminer son devoir. Si les autres maisons s’étonnaient parfois du temps libre qu’avaient les Serdaigles durant les fins de semaines, c’est simplement parce que ces derniers considéraient que plus vite le travail était fait, plus vite ils pourraient passer à autre chose, souvent plus agréable que la rédaction d’essais. La jeune fille savait bien que sa maison avait la réputation d’abriter en son sein des acharnés du travail, mais ce n’était absolument pas le cas. Comme beaucoup d’autres, les étudiants de la maison des bleu et argent préféraient largement jouer aux cartes pendant une heure ou deux.

Le crissement de la plume sur le parchemin était le seul bruit qui sonnait faiblement dans la bibliothèque. Jusqu’à ce que la voix du Serpentard se fasse entendre non loin d’elle. Emma sursauta à nouveau, causant l’apparition d’un trait d’encre parmi ses notes. Elle leva la tête vers le jeune homme, les joues légèrement rouges, gênée de s’être à nouveau laissé surprendre. Un vrai serpent qui se faufilait sans un bruit. Cette pensée la fit sourire, intérieurement. Quelle comparaison, quand on savait que le reptile était l’emblème du fondateur de leur maison. Elle sortit sa baguette et lança un sort pour effacer la rature, puis désigna la chaise face à elle au garçon pour lui montrer qu’il pouvait s’y asseoir.

« Tu peux prendre le reste, vraiment… Les elfes m’en avaient donné bien plus du double de ce qui est encore dans la serviette. » murmura-t-elle d’une voix si douce qu’on aurait à peine cru que le moindre son sortirait de sa bouche. « Et tu ne me déranges pas… C’est juste rare de croiser quelqu’un dans cet endroit, d’habitude, à part Mme Pince, il n’y a personne. »

Elle ne savait pas trop comment elle devait se comporter. Après tout, les Serdaigles faisaient partie de la seule maison avec laquelle les Serpentards arrivaient à s’entendre. Ce qui n’empêchait pas pour autant que certains d’entre eux ne parviennent même pas à se montrer aimables avec les bleus. Est-ce qu’il faisait partie de cette catégorie ? D’un autre côté, ayant en mémoire les racontars de Morten, la jeune fille ne pouvait pas penser que la réponse à sa propre question serait positive. S’il était comme elle, un solitaire, alors il ne devait pas chercher à tisser des liens, ou à s’attirer des ennuis. Mais c’était comme ça qu’elle, elle voyait les choses, et peut-être que lui avait une vision totalement différente. Finalement, elle décida que le plus simple serait encore de faire les présentations dans les règles.

« Tu es Pittorease, n’est-ce pas ? Morten m’a parlé un peu de toi. Je m’appelle Emma, je suis sa sœur cadette. »

Le sourire d'Ozzy devint subitement d'une innocence pure, lorsqu'il se rendit compte qu'il l'avait de nouveau surprise. Il avait dans les yeux, cette forme d'excuse muette et charmeuse qu'on les personnes qui ont souffèrent, et qui répugne à faire souffrir les autres. Il avait cette lueur dans les yeux depuis l'enfance, s'excusant toujours intérieurement envers ses parents de son existence, conscient qu'il n'avait été qu'une stupide erreur, qu'un accident de parcours. Dans le cas présent, c'était un peu la même chose, et il crut une fraction de seconde que les larmes lui montaient aux yeux. Mais non, elles restaient enfouîtes sous les mots de la jeune fille qui parfumaient l'air. Elle lui avait décrit un siège, au cas où il désirerait s'asseoir, et, lorsqu'elle lui dit qu'elle était la jeune soeur de Morten, il le fit d'instinct, poussé par l'envie d'en savoir plus. Les pensées du Serpentard se bousculèrent très vite dans sa tête, ainsi donc Morten avait une soeur ? Il l'imaginait mal dans le rôle du grand frère protecteur, le voyant comme très égocentrique...Cependant le Grand Morten, le Beau Morten lui avait bien adressé la parole à lui, pauvre Ozzy Pittorease, inconnu de tous, et était même devenu son ami, il avait même parlé de lui à quelqu'un! La duplicité de Morten le laissait un peu perplexe, un peu songeur, mais il se promit de repenser à tout cela plus tard, plus au calme, et dans un souci de rapidité de réponse, pour ne pas paraître trop rêveur, il dit, très doucement, comme s'il avait peur de la refaire sursauté :
«Ozzy Pittorease, oui. C'est étonnant...Nous nous connaissons à peine, en réalité, avec ton frère. Dailleurs il ne m'a encore jamais parlé de toi. »
Puis sentant que cette remarque pouvait vexer la jeune fille, il reprit, d'une voix un peu plus rapide :
« Enfin...Nous avons très peu parlé je dois dire. Ce sont surtout les actes qui ont fait que nous nous sommes connus »
Un petit sourire en coin apparut sur le visage d'Ozzy, à la pensée de Rusard tétanisé, tourné en ridicule. Il omit dailleurs d'en parler, étant quasiment sur que Morten lui même n'était pas allé raconter ça à sa soeur.
Ozzy ignorait pourquoi, mais il se détendait peu à peu. Sans doute le fait qu'il n'y ai personne, à par une jeune fille, pour le juger. Mais bizarrement il ne ressentait pas de jugement dans ce regard désintéressé, et ceci le soulagea. Il pouvait donc parler librement, sans aucuns risques. Puis, tandis qu'elle lui répondait, il prit le temps de la regarder un peu plus attentivement, par simple curiosité. Elle ne ressemblait pas tant que ça à son frère, elle avait un visage plus doux, plus féminin bien sur, mais aussi plus stoïque, plus cordial. Elle avait cette expression qu'on certaine femmes, un peu âgée, quand elle fond le bilan de leur vie tachée de drames et de pertes. Elle avait aussi les joues un peu plus creusées, les fossettes plus apparentes...Mais malgré tout cela...Oui. Il y avait quelque chose, quelque chose qui ne pouvait tromper. C'était la pâleur de ces deux visages, le teint maladif, les lèvres un peu bleuies. Cette pensée le frappa de plein fouet et il eut un léger mouvement de recul. Il sentait comme une faiblesse derrière la forteresse d'Emma, une chose qu'il ne saurait sans doute jamais, mais qui l'interrogeait. Une seconde plus tard il prit un peu se visage en horreur, il avait l'impression que cette toute petite chose, qui se cachait là, juste là, derrière se visage, le narguait, le méprisait, et il se sentit alors pauvre devant cette grandeur d'esprit qui lui échappait. Il se sentait mal, son estomac se serrait et sa gorge était sèche. Il sortit alors sa baguette, d'un geste las, usé, et transforma deux des gâteaux en un verre à moitié remplit d'un liquide bleu-violet, boisson dont il raffolait, faite à partir de fleurs de jacaranda mimosifolia. Il but une lente gorgée avant de se rendre compte que son interlocutrice le toisait étrangement. En réalité c'était plutôt le contenu de son verre qu'elle observait. En effet, ce plaisir des papilles était peu connu en Angleterre, provenant principalement de Grèce, pays d'origine de sa mère. Il tendit alors le verre en riant, ayant tout d'un coup chassé ses mauvaises pensées :
« Tiens goûte si tu veux. C'est très bon, et surtout très doux. Et puis...Après avoir engloutis le double des gâteau qui se trouvent là, tu dois avoir une de ces soif ! »
Elle prit alors le verre, un peu gênée, lui semblait il, et bu une toute petite gorgée.
Il lui sourit alors, content que cette chose indescriptible ait disparue du visage d'Emma, faisant place à une douceur mièvre de petite fille.

Emma n’était absolument pas vexée qu’Ozzy ignore qui elle était. Cela ne l’étonnait pas, de la part de son frère, de ne pas parler d’elle. Aussi étrange que cela puisse paraître, Morten n’aimait pas que l’attention que les gens pouvaient porter à sa sœur soit trop grande. D’abord parce qu’il savait que ça mettait la jeune fille mal à l’aise, et ensuite parce qu’il évitait de parler d’elle aux garçons en général. Car si Emma continuait de l’ignorer, elle était tout de même une jeune fille pleine de charme, sur laquelle nombre de regards se portaient. Pourtant, elle ne faisait rien pour : elle se fichait assez de son apparence en réalité, prêtant peu d’attention aux vêtements qu’elle portait. Elle ne se maquillait jamais, sauf si, lors d’un évènement très particulier, sa mère s’arrangeait pour l’embrouiller suffisamment au point qu’elle accepte. Mais c’était très rare.

Elle ferma le livre posé face à elle et rangea ses affaires de cours silencieusement. En fait, elle faisait ça simplement pour ne pas faire attention au regard qu’il lui portait. Elle sentait bien qu’il l’observait. C’était quelque chose qu’elle était capable de deviner aisément, et elle n’aimait pas spécialement ça. D’où la raison pour rester solitaire, au moins, on ne la regardait pas à tout bout de champ. Et subitement, plus rien. Le soulagement l’envahit lentement quand elle comprit que les yeux du jeune homme avaient dû se porter ailleurs, même si elle ignorait que la cause était simplement son visage à elle, quelque chose dans son air qui avait dérangé le Serpentard.

Puis il transforma deux des gâteaux restants en verre, empli d’un liquide qu’elle n’avait jamais vu. Intriguée, ce fut son tour de l’observer avec une sorte d’interrogation dans les prunelles. C’est là qu’il lui proposa de goûter. La curiosité étant plus forte que la prudence, la Serdaigle accepta et prit le verre. Elle trempa les lèvres dans le liquide indigo et rendit la boisson à son propriétaire. Il avait raison, c’était très doux au goût. Mais elle n’avait pas très soif. Ce n’était pas très bon pour la santé, mais elle ne buvait que très peu d’eau. Elle compensait en mangeant des aliments qui en étaient remplis, les légumes et les fruits. Songeant finalement que son silence devenait gênant, elle répondit doucement.

« Cela ne m’étonne pas de la part de mon frère. Il est très différent suivant s’il est avec sa maison ou avec sa famille. Et sachant ce qui est arrivé à un des poursuiveurs de votre équipe la dernière fois que celui-ci a parlé de moi, je crois que tu peux estimer heureux de n’avoir pas entendu parler de moi. »

Le poursuiveur en question avait, pour plaisanter, dit à Morten que sa sœur cadette ferait un beau trophée de chasse sur les tableaux des prédateurs de Poudlard. Il avait fini à l’infirmerie pendant une semaine, le temps que les membres du personnel finissent de retrouver son nez et ses oreilles, qui avaient été ‘mystérieusement’ éparpillés à travers l’école. Morten avait été sévèrement puni, et il avait même reçu une beuglante de la part de Bridget. Bien sûr, leur mère ignorait que, par derrière, Jens avait fortement félicité son fils aîné pour prendre autant soin des intérêts de sa sœur. Emma n’avait rien dit. En fait, elle savait que Morten avait enjolivé les propos du joueur, car il apparaissait qu’ils avaient été bien plus… obscènes en réalité. Cela, elle l’avait appris par Josh, qui ne pouvait rien lui cacher.

Elle chassa au loin ces pensées désagréables et reporta son attention sur son camarade.

« Et donc, qu’est-ce qui t’amène de si bon matin en ces lieux ? »

Ozzy eut une seconde d'hésitation lorsque son interlocuteur lui demanda la raison de sa présence. Il avait completement oublié, l'espace de quelques minutes, qu'il avait un devoir, des recherches à effectué de toute urgence, et surtout peu de temps. Il la regarda alors droit dans les yeux, la bouche légèrement ouverte, l'air bête. On aurait dit qu'elle lui posait une colle, alors que la question était d'une simplicité limpide. Alors, prenant conscience de sa stupidité, Oz' referma rapidement la bouche, commença se gratter légèrement, sa barbe naissante, à l'aspect négligée, le démangeant, puis il essaya de se souvenir...Mais oui !
Il s’imagina facilement la tête de Flitwick quand il lui rendra son devoir inachevé, et désireux d’éviter cela, il rangea sa baguette et se leva.
« J'ai un devoir à terminer...À compléter plus précisément. Il me manque quelques petites dates, quelques noms aussi...Mais je trouve pas le bon bouquin…Histoire de la magie, hein. Pas facile...»
Il avait parlé d'une voix si niaise, si traînante, qu'il en eut honte. Non pas qu'il se fichait de ce qu'elle lui disait, mais il se sentait un peu mal à l'aise, pressé de mettre fin à cet entretien impromptu pour retourner à sa besogne, cherchant toute fois à ne pas froisser la soeur de Morten. Mais il réfléchissait en même temps, il n'avait pas trouvé le livre qui aurait pu l'aider, et se demandait si jeter un coup d'oeil une nouvelle fois changerait quoi que ce soit. Ca risquait de lui faire perdre du temps inutilement, mais d'un autre coté, il sentait que s'il arrêtait de chercher et rendait ce torchon, de une il n'aurait pas la moyenne, et de deux il se serait levé aussi tôt pour rien. Car si Ozzy avait bien du mal à aimer les êtres qui l'entourent, il éprouvait cependant un amour inconditionnel pour son lit. S'envelopper dans les doux draps chauds et moelleux, sentant bon et frais, bien à l’abri du monde extérieur. Végéter dans une atmosphère de secret, dans la pénombre, laisser son esprit vagabonder aux grés de ses envies, et fuir les choses désagréables. Oui, il était un peu feignant sur les bords, mais son lit, autrefois, était son seul refuge, le seul endroit où il perdait conscience de sa pauvre existence de garçon mal aimé, futur déshérité, honte et risée de la "famille". Alors, malgré tout, ce meuble représentait des choses tellement extraordinaires, tellement féeriques, qu'il ne pouvait s'y allonger sans ressentir une douce affection pour le linge, s'imaginant prit dans les bras d'une femme, chauds et dodus.
Cette vision le rendit quelque peu maussade, et il se demandait si la Serdaigle comptait rester là encore longtemps. Il ne lui demanda cependant pas, détournant la tête en soupirant, parcourant du regard les immenses rayons sur lesquels s’alignaient des centaines de livres, traitant de tout et n’importe quoi. Il trouvait incroyable de ne pas trouver ce qu’il désirait dans ce tas de connaissances pures, incroyable et très énervant. Il reprit alors, le regard toujours tourné vers les étagères, la voix beaucoup plus sure :
« J’ai peut être une idée…»
Sur ces mots, il ressortit sa baguette d’un geste sec et prononça :
« Accio livre histoire de la magie »
Alors, des dizaines d’ouvrages s’élevèrent des étagères, et volèrent droit sur lui, à une vitesse exagérée. Les yeux d’Ozzy s’étaient écarquillés, et il avait commencé à reculer faiblement, visiblement stupéfait. En une dizaine de secondes à peine, une trentaine de livres traitant de l’histoire de la magie avaient foncés sur lui, le frappant de plein fouet, ce qui le fit tomber au sol. Il n’avait pas eut mal, mais ne pouvait se relever, tant il demeurait abasourdi, littéralement pétrifié. Puis il baissa lentement la tête, et observa la marre de manuels dans laquelle il gisait, et explosa de rire, trouvant la situation ridicule, mais le prenant toute fois très bien. Il riait à s’en fendre les cotes, les larmes aux yeux, presque plié en deux. Il s’agrippa alors à la table, essayant de se relever difficilement, et toujours écroulé de rire, il ne remarqua pas la réaction de la jeune fille qui était toujours assise devant lui, et qui venait d’assister à la scène.

Emma acquiesça doucement. C’est vrai que les livres dans le domaine de l’histoire de la magie et des sortilèges n’étaient pas très bien organisés. En fait, c’était souvent dur de trouver l’ouvrage qu’on voulait, car ils couvraient tous une période si vaste que se farcir de centaines de pages était extrêmement lassant et ennuyeux. Elle regardait dans le vide quand elle entendit la voix de son interlocuteur prononcer un sort d’Accio. Elle n’eut absolument pas le temps de l’en empêcher, et savait d’ores et déjà ce qui allait arriver. Pourvu que le Serpentard ne s’agace pas ! Alors que le bruit de livres s’écrasant non loin d’elle retentissait, elle ferma les yeux, craignant la réaction de son camarade. Mais contrairement aux grognements auxquels elle s’était attendue, ce fut un rire qui s’échappa des lèvres du garçon.

La jeune fille rouvrit aussitôt les yeux, et sourit, amusée par le spectacle qui avait pris forme sous son regard. Ozzy tentait péniblement de s’extirper des masses de pages qui s’étaient abattues sur lui, toujours en riant aux larmes. Elle se laissa alors aller et pouffa doucement, cachant sa bouche avec sa main. Puis, d’un coup de baguette, elle éleva les livres dans les airs et les disposa en piles bien droit sur la table. Il y en avait cinq, car le garçon avait bien dû faire venir tout le rayon jusqu’à eux. Elle ne savait pas quel était le volume dont il avait besoin, et un coup d’œil à sa montre lui indiqua qu’elle n’avait plus le temps de l’aider à chercher, ni même de l’aider au moins à ranger les livres à leur place.

Emma soupira doucement, gênée de devoir partir alors qu’il aurait sûrement eu besoin d’un coup de main. Elle commença par aller ranger le propre livre qu’elle avait pris, dans le rayon des sortilèges, puis revint à la table et rassembla ses affaires. Alors qu’elle passait la bandoulière de son sac sur son épaule, elle esquissa un sourire désolé à l’intention d’Ozzy.

« Je dois te laisser, je suis vraiment désolée, mais j’ai mon cours de Soin aux Créatures Magiques qui commencent dans quelques minutes, et je vais devoir traverser tout le parc… »

Elle lui adressa un signe de tête en guise de salut, puis s’éloigna vivement et sortit de la bibliothèque.

[HJ : je te laisse conclure le RP ^^]

« Je dois te laisser, je suis vraiment désolée, mais j’ai mon cours de Soin aux Créatures Magiques qui commencent dans quelques minutes, et je vais devoir traverser tout le parc… »
Ozzy n'eut même pas le temps de répondre, qu'Emma s'était déjà éloignée à grand pas après lui avoir adressé un bref signe de tête. Il la suivi des yeux jusqu'à ce qu'elle ai disparue, puis, reposant son regard sur les livres éparpillés par terre, il poussa un profond soupire. Comment allait il ranger tout ces ouvrages, dont il ignorait la provenance exacte ? Il en prit un dans ses mains, le regarda sous tout les angles, puis, le posa sur la table. Il n'était décidément pas résolu à tout ranger. Il ramassa alors sa baguette tombée au sol lors de sa chute, et fit apparaître l'heure, d'un geste las. S'il essayait de tout ranger convenablement, il serait en retard pour son prochain cours. Une pensée le plongea alors dans un profond désespoir, celle de son devoir toujours incomplet. Il décida alors de s'asseoir, et de relire le tout, pour obtenir une constatation exacte de ce qui lui manquait.
Après quelques minutes, un grand sourire apparut sur le visage d'Oz. Son devoir était tellement épouvantable, que de toute manière, il n'aurait pas pu se contenter de "compléter" pour obtenir une note convenable.
Bien que cette pensée n'était pas réconfortante dutout, il se sentit soulagé. Il empila alors les livres sur le bureau de la bibliothécaire d'un simple mouvement de baguette, avec un petit mot au dessus.
" Voilà qui vous donne l'occasion de mieux les ranger "
Il sentait que l'insolence volontaire qui dégoulinait de ses mots la rendrait folle de rage, et il en fut content au fond. Il fit demi tour sans demander son reste, et sortit de la bibliothèque avec un léger sourire au coin des lèvres, le coeur léger.