Cause this is just a game... [PV Traiger]

Bon sang, mais qu’est-ce qui lui avait pris de donner un rendez-vous à cette fille ?! D’une, il avait du se lever plus tôt que sa moyenne pendant les vacances, de deux, il lui avait dit « dans le parc », donc dehors, et étant au mois de décembre, cela signifiait froid. Après s’être donc passé la tête sous l’eau et séché les cheveux d’un coup de baguette magique, Morten avait enfilé un jean, un pull noir par-dessus un t-shirt à manches longues, le tout recouvert d’un épais blouson, censé lui tenir chaud. Non, il n’était ni excité, ni impatient, ni quoi que ce soit ; il avait plus que l’habitude de ce genre de situations, et ce fut même avec une démarche décontractée qu’il quitta la salle commune des Serpentards et se rendit dans le hall. Il parvint à pousser la lourde porte d’entrée, et à peine eût-il mit le pied à l’extérieur d’un courant d’air glacé lui fouetta le visage. Mais qu’est-ce qu’il lui été passé par la tête ?! L’idée de rebrousser chemin et d’attendre Traiger dedans lui traversa l’esprit, mais maintenant qu’il était dehors, autant aller trouver un endroit un peu plus à l’abri du vent. Morten marcha donc la tête baissée, les mains crispées au fond de ses poches, jusqu’à trouver une zone où les arbres y étaient un peu plus nombreux, et un peu plus rapprochés. Les courants d’airs s’y firent donc moins violents. Le jeune homme s’adossa contre le tronc de l’un deux et plaqua ses mains contre sa bouche afin de les réchauffer un peu. Il regretta de n’avoir pris la paire de gants que Karen lui avait offerte pour Noël, quelques jours auparavant.

Et il attendit, seul le bruit du vent sifflant à travers les feuillages lui parvenant. C’était sûr, le fauteuil de la salle commune était beaucoup plus confortable que ce bois gelé, ou alors, il aurait fallu venir ici au printemps ou en été. Mais que voulez-vous, Morten aimait bien être seul avec ses proies ; tel un chasseur, il préférait les attirer dans un endroit un peu plus isolé afin de parvenir à ses fins plus rapidement. Le Serpentard n’était pas vraiment du genre à tourner autour du pot – bien que doté d’une grande délicatesse lorsque besoin était – sauf s’il s’avérait être nécessaire d’embobiner une fille pour qu’elle soit plus agréable à croquer. Mais Traiger Shayne, elle n’était pas idiote. Il était inutile de la prendre pour une vieille chouette, elle savait très bien qu’elle lui avait tapé dans l’œil. Cependant, Morten était convaincu que c’était réciproque, d’où sa certitude quant à sa venue ici. Et d’ailleurs, il valait mieux qu’il soit prêt à réagir quand elle arriverait, parce qu’elle aurait de quoi répliquer, elle saurait le faire tourner en bourrique, mais Nielsen saurait faire face à cette sublime créature.

Et ladite créature fit son apparition, quelques minutes plus tard. En la voyant, Morten se décolla du tronc d’arbre et fit un pas en avant... Avant de comprendre que Shayne ne se dirigeait plus vers lui, mais vers… vers un arbre situé à sa droite, en face du Serpy. Peut-être qu’elle ne l’avait pas vu, peut-être que la couleur foncé de sa veste le faisait se fondre dans le paysage… Mais bien sûr. Non, non, elle l’avait bien vu, il avait aperçut ce regard en coin lourd en sous-entendus. C’était clair : elle se fichait de lui. S’il avait tout d’abord affiché un air ahuri (une tête d’imbécile, quoi), il s’était très vite repris et arborait à présent son éternel petit sourire au coin des lèvres.

-Ok, Shayne. La partie ne fait que commencer… murmura-t-il avant de commencer à s’approcher de la jeune femme, en prenant son temps.

Une personne normalement constituée irait s'installer sur un fauteuil à côté d'une cheminée en lisant un livre ou irait quelque part dans l'école avec des amis. Seulement, Traiger aimait le froid. La fraicheur, l'air glacial, le vent. Elle adorait l'hiver. Et Morten lui avait proposé ( imposé ) un rendez-vous dans le parc. L'idée de lui posait un lapin lui était bien évidemment passée par la tête. Cependant, Traiger espérait bien faire tourner Morten en bourrique mais pas de cette manière. Autrement, elle n'y avait pas tellement réfléchi mais elle pensait bien le faire.

Traiger s’était levée tôt ce matin, comme d’habitude. Vacances ou pas, elle était toujours réveillée à des heures matinales pour des personnes de son âge qui préféraient de large les grasses matinées. Mais en y repensant, Morten ne lui avait même pas fixé d’heure pour le rendez-vous. Pas très futé parfois celui-là. Il lui avait juste dit « Vendredi matin ». Mais en sachant que Morten était un de ses hommes sautant sur tout ce qui bougent et s’il était à peu près normalement constitué, ce serait la fin de matinée. Puis, c’était les vacances, elle pourrait facilement le trouver après tout. Tôt ce matin, Traiger était allée déjeuner et un peu plus tard, elle s’était retirée dans son dortoir pour lire un gros bouquin. Un peu plus tard, elle s’habilla chaudement, puisqu’elle s’apprêtait à sortir pour retrouver le grand dadet qui lui avait donné ce rendez-vous. En passant à ce mot, elle ne put retenir un sourire. En arrivant, dans la salle commune, elle aperçut une silhouette qu’elle reconnaissait qui en sortait. Pour bien s’assurer de la personne qu’elle pensait avoir vu, elle sortit également et le suivit. C’était effectivement Morten Nielsen. Elle le détailla de dos. Il n’était pas énormément habillé pour la température qu’il devait faire dehors. Contrairement à Traiger qui avait sorti les gants, le bonnet et la grosse écharpe en laine. Un petit rictus lui échappa. Arriver en retard. C’était typique de la garce. Elle le savait pourtant et se décida donc à arriver avec dix minutes de retard. Ca pourrait toujours en foutre un coup à l’égo de Morten. Elle le suivit à une assez grande distance, pour qu’il ne la voit pas. Il finit par pousser les grandes portes du hall et sortir dehors. Traiger alla s’asseoir sur les marches et attendit patiemment que les dix minutes passent.

Elle se fit dévisager à plusieurs reprises. Qu’est-ce qu’une fille de Serpentard, surtout elle, populaire Traiger Shane faisait à Poudlard seule et pendant les vacances ? Que personne ne s’inquiète ( si on peut appeler cela de l’inquiétude ), dans deux jours Traiger se retrouverait dans son grand manoir familial, à recevoir de nombreuses félicitations de ses tantes, oncles et cousins. Comme à l’habitude. Le seul hic, c’est qu’elle allait devoir voir sa sœur. Gamine de 11 ans qu’elle ne supportait pas.

Avec sa baguette magique, elle entrouvrit les grandes portes et sortit dehors. Elle se prit une rafale de vent glacial. Elle mit ses mains gantés dans ses poches et s’enfonça un petit peu plus dans son écharpe pour que celle-ci lui arrive au-dessus du nez. Ce qui n’empêchait pas qu’elle appréciait tout ce dont l’hiver était constitué. Elle préférait largement cela à l’été, la chaleur, le soleil et toute la joie que pouvait provoquer ces quelques éléments.

Elle ne savait pas trop où s’orienter et marcha donc toujours droit devant elle. Il lui sembla l’apercevoir au loin. Un endroit où il y avait beaucoup d’arbres qui était très peu visible. Pourquoi Morten lui donnait rendez-vous à cet endroit-là ? Il redoutait peut-être le râteau qui sait. D’un pas décidé, elle alla dans sa direction et lorsqu’elle le vit se décoller légèrement du tronc d’arbre, elle dévia sa direction sur sa droite. En direction des arbres qui étaient en face du Serpentard. Sourire machiavélique sur les lèvres, elle lui jeta un regard en coin. Lorsqu’elle arriva au niveau d’un arbre assez loin, elle se retourna et s’appuya contre le tronc. Morten était assez éloigné d’elle, et il marchait paisiblement, d’une manière qui se voulait être la plus décontractée possible.

Petit regard reflétant la malignité et rictus aux lèvres. Il arriva enfin vers elle. Elle se rappela qu’elle était arrivée avec dix minutes de retard et qu’il était tout de même resté pour la voir. Un point en la faveur de Morten.

« Pourquoi ici, Morten ? »

Pas de Bonjour, ni rien. Traiger et ses charmantes salutations… Elle n'aimait pas s'attarder sur les paroles inutiles du genre « Bonjour, comment vas-tu, … ». En général, quand quelqu'un allait mal, cela se voyait. Même si Traiger n'en aurait pas eu grand chose à faire, il faut l'avouer. Après, tout dépendait de la personne qui lui faisait face. Mais son égoïsme ressortait toujours, et elle ne s'en plaignait pas. Au contraire.

C’est vrai ça, pourquoi ici ? Quand Morten avait donné rendez-vous à Traiger, il n’avait pas cherché à réfléchir et avait dit la première chose qui lui passait par la tête, en réalité. Et comme la plupart des choses qui circulaient dans son esprit, il aurait mieux fait de tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler. Quoi finalement, ce n’était pas si important. L’important, c’était qu’elle soit venue. En le testant, certes, mais elle était là. Et il était temps de passer à l’action. Morten s’approcha donc tout près de la jeune fille et posa sa main droite sur le tronc, bras tendu pour pouvoir s’y appuyer, en croisant une jambe. Le tout en souriant. Il était un peu plus grand qu’elle (comme avec la plupart des autres filles, en fait, il avait toujours était plus grand, sinon de la même taille), si bien qu’elle dut lever les yeux pour bien le regarder.

« Parce qu’au moins on est tranquille, sans les premières années qui courent partout, et puis j’aime bien prendre l’air. »

*… et puis comme ça, on est loin des tarées qui me servent de groupies. Elles sont gentilles, sympas et tout, mais collantes.*

« Il était agréable le fauteuil, l’autre soir ? »

Il faisait bien sûr allusion au soir (ou l’après-midi, il ne savait plus) où miss Shayne était venue lui demander le fauteuil dans lequel il avait décidé d’élire domicile, chose qu’il avait dans un premier temps refusé, mais épuisé et ne se sentant pas d’attaque pour une conversation ponctuée de piques en tout genre, il avait laissé tomber, et n’oubliant cependant pas de s’assurer un rendez-vous. Et le pressentiment qu’il avait eu à son sujet, et bien, il s’était révélé exact : elle était venue.

Et il continua de l’observer pendant quelques secondes, cherchant ses yeux. Parce qu’il savait que les filles adoraient ses pupilles bleues et grises à la fois, combien le lui avaient dit ? Il n’était pas sûr que ça marche sur Traiger également, mais de toute façon, il se plaisait à regarder son visage. Cette fille était vraiment jolie. Peste, d’après ce qu’il savait, mais vraiment jolie. Ah oui, quelle adorable peste, mademoiselle Shayne ! Elle avait fait exprès d’arriver en retard, il le voyait sur son regard amusé. Peut-être cherchait-elle à savoir combien il était patient. Et patient, Morten l’était, ça c’est certain. Attendre dix minutes, ce n’était rien, il lui était arrivé à de nombreuses reprises de devoir attendre plus que ça. Sauf que là, avec Traiger, il allait devoir se montrer très patient, parce qu’elle ne cesserait de le faire tourner en bourrique, mais aussi très attentif pour qu’il sache en permanence où elle voulait l’emmener.

Le Serpentard réalisa alors qu’il avait beaucoup moins froid que quelques instants auparavant, et inutile de préciser d’où venait cette impression. Enfin, ça n’était pas non plus au point d’enlever son blouson sans le regretter, mais la température extérieure était déjà plus facile à affronter. Et il se rendit compte aussi qu’il valait mieux pour lui qu’il ouvre la bouche, pour ne pas passer pour un crétin – visiblement, Traiger ne l’avait pas encore classé dans cette catégorie, et c’était un avantage pour lui. Mais il était trop subjugué, comme si elle lui avait volontairement jeté un sort pour l’envoûter. Et là, il mourrait d’envie de l’embrasser. Sauf que ça ne se faisait pas. Enfin, si, peut-être, après tout, qui refuserait un baiser de Morten Nielsen ? C’était un jeu pour Traiger, ainsi que pour le jeune homme. Un jeu auquel ils allaient adorer jouer pour voir jusqu’où pourrait aller l’autre.

Et puis l’image d’Emma lui traversa l’esprit, et son sourire se figea lorsqu’il analysa la situation. Traiger et sa sœur se détestaient. Morten se souviendrait toujours de la fois où la Serdaigle avait intentionnellement provoqué une crise d’acné très prononcé sur le visage de la Serpentard, dans la Grande Salle. Il avait bien rigolé, parce qu’Emma ne serait certainement pas allée faire ça sans bonne raison, et… et il s’apprêtait à sortir avec la seule fille du château que sa petite sœur ne pouvait pas se voir. Il se dit que de toute façon, c’étaient ses oignons, et que… et que de toute façon, le seul garçon que lui voulait assommer à coups de batte ne cessait de lui tourner autour. Bien sûr, c’était différent, étant donné que William et Emma ne sortaient pas ensemble – et pourtant, ça avait failli, mais il préférait tout de même rester sur ses gardes.

Mais se concentrant de nouveau sur Traiger, la belle qui était juste devant lui, il cligna deux yeux une ou deux fois avant de retrouver son sourire à tomber et d’ajouter :

« On reste là où on se ballade un peu ? »

Non, il n’allait pas l’embrasser tout de suite. Peut-être un peu plus tard, peut-être le lendemain, peut-être la semaine suivante, qu’en savait-il ? Bon, effectivement, sans doute avant la semaine suivante. Morten était patient, mais quand il le pouvait, il faisait les choses dès que possible. Et puis il ne comptait de toute façon pas rester pendant une autre collé à cet arbre bien que ce fut sa première idée, mais maintenant qu’il avait un tantinet moins froid, autant aller admirer le parc de Poudlard sous la neige. Ayant à peine entendu la réponse de Traiger, qu’elle soit négative ou positive, tant pis, il prit sa main gantée dans la sienne – ah ce que c’était agréable ! – et sortit du petit coin abrité pas les feuillages des arbres.

Sujet: Re: Cause this is just a game... [PV Traiger]