Balade nocturne [Maëdy et Esmée]

Dan se retint d’éclater franchement de rire suite à la réaction des deux jeunes filles. Déjà, il ne fallait pas qu’ils se fassent remarquer en faisant trop de bruit, et malheureusement pour lui, il avait un rire assez sonore. Et puis, il n’avait pas très envie qu’elles croient qu’il se moquait d’elle… même si ça n’aurait été que d’une gentille manière. Il était réputé dans l’école pour son humeur souvent joyeuse et son humour démesuré. Il commença par pointer un index accusateur vers Esmée, et avec une voix on ne peut plus sérieuse, il la gronda comme l’aurait fait un grand frère ou un ami. Ce n’était pas méchant, mais il tenait à l’informer des risques qu’elle avait pris.

« Déjà, c’est de ta faute si je suis là. Fallait être plus discrète quand t’es partie de la salle commune, parce que si c’était les Maraudeurs qui t’avaient suivie, crois-moi bien, ils n’auraient pas eu la bonté de vous tirer du mauvais pas dans lequel vous vous étiez fourrées. Et ils se suffisent à eux-mêmes pour faire perdre des points à Gryffondor sans que tu aies besoin de t’y mettre. Donc la prochaine fois que tu veux aller faire un tour, tu nous préviens, Will ou moi, et on viendra avec toi. Pigé ? »

La douce lueur qui dansait dans ses yeux montrait bien qu’il n’était pas fâché. Il la sermonnait un peu, juste histoire de, pour qu’elle fasse attention lors de sa prochaine initiative. Et il était très sérieux quand à l’histoire de venir le chercher en cas de récidive. Si jamais juste un seul des deux garçons l’accompagnait, il y avait plus de chance pour que les professeurs pensent qu’en tant que couple, les élèves aient eu envie d’aller faire un tour dans un placard. Pas qu’ils se montrent plus cléments dans ce cas-là, mais ça faisait moins louche que deux jeunes filles qui se trouvaient dans les couloirs à une heure peu commune. Et Dan arrivait toujours à baratiner une excuse, peu plausible, mais qui avait l’avantage de le sortir le plus souvent de l’embarras dans lequel il se retrouvait. Un des nombreux atouts de son charisme à toute épreuve.

Le Gryffondor se tourna ensuite vers Maëdy, déçu de son ton impassible. C’était un vrai défi, cette fille. Plus il se montrait gentil et charmant, moins elle semblait lui prêter d’attention. Qu’à cela ne tienne, elle finirait par céder, un jour ou l’autre. Au final, elles tombaient toutes dans ses bras de grand séducteur. Et pas une seule pour lui passer la corde au cou. Il tapota doucement le sommet du crâne de la Serdaigle, avec un sourire charmeur et moqueur à la fois.

« T’avises pas d’essayer de me le rendre, toi… Tu te rends compte du coup que tu porterais à ma galanterie légendaire ? » Il marqua un silence, puis, tendant ses bras aux deux filles, ajouta dans un nouveau sourire : « En parlant de galanterie, afin de m’excuser pour vous avoir un peu écrasées, accepterez-vous, mesdemoiselles, que je vous offre à chacune un de mes bras pour cette balade nocturne ? »

Et tout ceci avec une petite révérence très théâtrale.

Maëdy regarda d’un œil réprobateur l’expression de Dan : il se retenait visiblement de rire. Bien que ce ne soit pas réellement méchant, au contraire : cette situation se classait plutôt dans le genre comique pour la Serdaigle. Puis elle entendit ce qu’il lança à Esmée. Et cette fois-ci, ce fut à son tour de sourire. Mais tandis que son amie répondait au jeune homme, Maë ne put s’empêcher de lever ses manches devant son nez et de laisser retomber ses poignets, afin d’évaluer la longueur qui séparait ses propres bras de ceux de Daniel. Elle poussa alors un petit soupir de mécontentement en marmonnant :

« J’en ai marre d’être toute petite… »

*Arrête de te plaindre ! Avoue qu’il est super confortable, son pull ! Toute façon, tu n’es jamais contente… Et c’est vachement mieux d’avoir un pull trop grand que d’attraper une pneumonie. Alors chut.*

« Mmh… »

Mais réalisant qu’elle était en plein débat avec elle-même à propos d’une simple histoire de pull (appartenant à l’un des mecs les plus populaires de l’école, mais ça, ce n’était qu’un détail), Maëdy préféré reporter toute son attention vers la conversation actuelle.

Puis elle sentit un léger tapotement sur le sommet de son crâne (nouvelle preuve de sa petitesse…), elle y plaqua alors ses bras (ou ses manches) avant de se retourner d’un air qui se voulait furieux vers Dan ; cependant, elle eut du mal à cacher son sourire.

« Ta galanterie légendaire ? Et puis… »

Un rayon de lune éclaira alors le visage du Gryffondor, et elle ne put que s’arrêter en pleine phrase.

*Mon dieu. Mon dieu, mon dieu, mon dieu… Il est… Il est superbement magnifique !*

« Et puis… C’est vrai qu’il fait froid. »

*Mais quelle boulette ! Espèce de pieuvre naine et baveuse ! Tu peu pas trouver mieux à dire ? Ok, il a un irrésistible sourire, mais toi, tu ne dois pas céder ! Il n’attend que ça ! Alors si tu veux profiter de ce regard charmeur… Résiste. Tu es loin d’être comme toutes ces groupies, et même si tu es un vrai cœur d’artichaut, et ben… Fais ce que tu peux. Et que la force soit avec toi.*

Concentrée par ce monologue intérieur, Maëdy mit quelques instants à réaliser qu’un bras était tendu devant elle – pour elle. Un simple coup d’œil lui indiqua qu’Esmée s’y était déjà accrochée, et c’est que qui la décida à faire de même. Et en marchant dans l’herbe fraiche, la jeune Serdaigle ne put s’empêcher de se coller contre Dan. Puis, elle aperçut quelque chose. Qui ne lui plaisait pas du tout.

« Dites, c’est moi ou… Ou Dan veut nous assassiner en nous emmenant vers le Saule Cogneur ?! » s'écria-t-elle d'un ton totalement hystérique.

*Mais chuuuuteuh, tu vas réveiller tout le château si tu continues à crier comme ça !*

Dan répondit à Esmée en la pointant du doigt et d'un ton sérieux. Elle avait l'impression qu'elle était en train de se faire gronder, tel un adulte ayant trouvé un enfant en train de commettre une bêtise. Esmée était l'enfant et Dan l'adulte. Et elle en face qui n'osait pas répondre et qui était à cours de mots. Mais lorsque la Gryffondor s'imagina la scène d'un point de vue externe, elle eut une envie de rire fulgurante mais se retint pour rester dans la crédibilité du discours de Dan. Elle répondit donc par un simple :

« Oui, m'sieur. Mais j'vois pas l'utilité de sortir discrètement, étant donné l'heure. »

Elle voyait bien, au regard de Dan, qu'il n'était pas fâché. Dailleurs, pourquoi l'aurait-il été ? Si quelqu'un devait se faire punir, ce n'aurait pas été lui. Mais apparemment, il était décidé à sauver la mise aux deux jeunes filles, ce soir. Bien qu'Esmée n'était pas prête d'arrêter ces sorties nocturnes, c'était une vrai tête de mule. Il pourrait bien lui arrivait quelque chose de grave, que cela ne lui donnerait pas une assez bonne leçon et qu'elle recommencerait. Parfois elle pouvait être téméraire, peut-être même un peu trop.
Puis elle entendit Maë marmonnait toute seule et les deux Gryffondors se tournèrent vers celle-ci qui faisait probablement une discussion avec elle-même. Maëdy avait marqué l'esprit d'Esmée le jour de leur rencontre. En effet, celle-ci se rappelait que la Serdy' avait parlé toute seule et lui avait expliqué que cela lui arrivait souvent. Et justement, une fois de plus elle faisait ses preuves dans ce domaine. Très étrange.
Puis le jeune homme présenta un bras à chacune des deux filles, jouant la comédie. Esmée hésita quelques instants, ignorant si la proposition était ironique. Puis elle saisit son bras gauche tandis que Maë était en pleine réflexion. Puis la Serdy' s'empara du bras du Gryffon et ils commencèrent tous trois à avancer. Esmée ignorait s'il parlait, et de quoi. Elle luttait contre le froid glacial, ce qui demandait une bonne partie de concentration et elle pensait à diverses choses. Mais soudainement, elle réagit aux paroles que Maë avait dit quelques secondes auparavant. Daniel ne les emmenait pas au saule cogneur ! Quoiqu'ils en prenaient bien la direction. Alors Esmée pensa à son arbre où elle allait souvent s'asseoir pour rester seule -bien que là ce ne fut pas le cas, ainsi ils pourraient se posaient paisiblement au bord du lac sans se faire agresser par un arbre enragé.

« Hum... Et si on allait plutôt s'asseoir au bord du lac ? Il y a un saule-pleureur qui pourra nous cacher avec ses feuilles, on ne sait jamais, s'il y a quelqu'un d'autre qui nous suit. Et puis même, j'aime pas le saule-cogneur. »

Alors elle tira légèrement sur le bras de Dan, mais les deux autres élèves avaient déjà bifurqué en direction du lac. Puis Esmée leva la tête pour contempler le ciel empli d'étoiles et d'une belle lune, une pleine lune. Au même instant, elle entendit un étrange bruit. Sur le coup, elle ne l'identifia pas mais compris vite que c'était un loup-garou qui poussait un long aboiement. Un sourire étira ses lèvres, tandis que Maë poussait un gémissement de peur, presque un cri. Que demandait de mieux selon Esmée ? Elle adorait les animaux, en particulier les créatures magiques. Même si les loups-garous étaient très dangereux, Esmée les admirait, ils la fascinaient. Les trois jeunes élèves écoutaient ces créatures, en avançant d'un pas qui se voulait un peu plus rapide.

Les deux filles avaient chacune pris un des bras qu’il leur tendait, et désormais Dan les dirigeait tranquillement vers le lac. Bien sûr, il n’avait jamais eu l’intention de les mener jusqu’au Saule Cogneur, mais il fallait le comprendre. Même si le ciel était relativement dégagé, l’obscurité était telle qu’il avait encore du mal à repérer les lieux. Et puis, il fallait bien l’avouer, Daniel Carter avait beau avoir de nombreuses qualités, le sens de l’orientation n’en faisait pas partie. Heureusement que William était là, le plus souvent pour le remettre dans la bonne direction. Ça devait être pour ça qu’il était gardien et pas poursuiveur au Quidditch aussi… Au moins, il n’avait pas à voler trop loin de ses buts.

Il frissonna quand il sentit la Serdaigle qui se serrait contre lui. Frisson non de froid, ni de peur, mais qu’il n’arrivait pas à s’expliquer. D’habitude, quand une fille se collait à lui, ça ne lui faisait ni chaud ni froid. C’était agréable, certes, mais c’était bien tout. Et puis elle, Maëdy, elle était un peu bizarre. A un moment, mademoiselle était totalement impassible, ne lui prêtait aucune intention (alors qu’il était le beau gosse de Poudlard, oui madame !) et à un autre moment, elle le fixait bizarrement, disait des choses étranges et se collait contre lui. Et après, on s’étonnait que les garçons ne comprennent rien à la psychologie féminine. Avouez quand même qu’il y avait de quoi !

« Tu sais ce qu’on dit : tout ce qui est petit est gentil et joli. Et puis, je préfère les filles plus petites que moi… plus facile à embrasser. »

Comme ça, on aurait presque dit que Dan avait lancé ces paroles en l’air. Ce qui, en fait, était un peu le cas. Il testait le terrain et guettait avidement la réaction de la jeune fille. Si elle rougissait, c’était dans la poche. Et sinon, il n’avait plus qu’à se lamenter et à désespérer de ne pas réussir à troubler une demoiselle aussi mignonne. Et dans ce cas-là, la vie serait vraiment injuste.

Il fit bifurquer ses deux camarades assez brusquement en se rendant compte qu’ils étaient peut-être un peu trop près de l’arbre castagneur, et haussa les épaules comme pour s’excuser. Tandis qu’ils s’approchaient de plus en plus du lac, des cris de bêtes, comme ceux qu’on prétendait entendre dans la Cabane Hurlante, résonnèrent à travers tout le parc. Dan avait beau être un courageux Gryffondor, il ne se sentait pas très à l’aise. Si jamais quelque chose, une bête, ou plus bizarre encore, les attaquait, il ne serait pas capable de défendre les deux jeunes filles. Et il n’avait aucune envie qu’il leur arrive quoi que ce soit. Il était le plus âgé, c’était à lui de les protéger par conséquent.

Enfin, ils arrivèrent près du ponton qui s’étendait un peu au dessus du lac. En levant la tête, il aperçut les myriades d’étoiles dans le ciel, et cela causa l’apparition d’un sourire rêveur. C’était une scène très romantique, presque parfaite. Quel dommage qu’il n’ait pas de petite amie sous la main…

Voyant que ledit Saule Cogneur n’était effectivement pas la destination initialement choisie, le trio changea brusquement de direction. Toujours agrippée au bras de Dan, Maëdy réfléchissait. Si, si, cela lui arrivait parfois. Très souvent même, car c’était l’une des principales qualités requises pour Serdaigle. Donc, même si elle ne le montrait pas souvent, la jeune réfléchissait. Elle réfléchissait à propos de… de plein de choses, en fait, la première étant la situation dans laquelle elle se trouvait actuellement. Car oui, en effet, cela valait le coup de prendre quelques minutes afin d’analyser : Esmée et elle avaient prévu une excursion en pleine nuit, dans le parc de Poudlard (en l’occurrence plongé dans le noir). Par conséquent, elles enfreignaient le règlement, ce qui était contre nature pour la Serdaigle. Ensuite, ce Gryffondor, ami de son amie, rencontré lors de leur premier cours de DCFM avaient manqué de les écraser. Quelle façon galante de se saluer… Bien qu’il se soit rattrapé quelques instants plus tard. Et Maëdy était à présent littéralement collée contre ledit garçon, d’abord parce qu’il était susceptible de pouvoir la réchauffer, et aussi parce qu’il était l’un des beaux gosses les plus recherché de l’école. Mais les paroles que ce dernier prononça l’arrachèrent à ses pensées, lui faisant ouvrir de grands yeux. La phrase étant d’une puérilité étonnante, Maëdy eut comme une déconnexion de son cortex cérébral. Ce n’était pas possible, il ne venait pas de lui dire ça…

*Garde ton air impassible, surtout ! Sinon, il va croire que tu es une fille facile ! Mais attends… Tu ES une fille facile !*

La jeune Serdaigle, pour la première fois depuis très longtemps, préféré écouter sa conscience que… qu’autre chose. Elle fit donc tout son possible pour ne pas rougir (c’est ce qui lui demanda le plus d’efforts), mais surtout, pour ne pas laisser s’échapper un espèce de cri signalant sa perte. Car si elle avait décidé de ne rien montrer de ses sentiments, c’était avant tout pour la sécurité de tous. Elle s’imagina alors faire abstraction de la barrière que lui dressait sa conscience. Sa bouche produirait une sorte de « Aaaaaah » d’une voix attendrie, et ses jambes ne pourraient la porter d’avantage. Pathétique. Horriblement pathétique. Et Maëdy, aussi pathétique soit-elle, ne pouvait se rabaisser à cette réaction. Elle chercha alors quelque chose à dire, pour lui faire comprendre que ce qu’il venait de dire était totalement… niais.

« Plus facile à embrasser, hein ? Tu sais que ce que tu viens de dire n’est pas totalement discret et délicat ? Bien que ça me touche beaucoup, mais bon… T’aurais pu trouver quelque chose de moins puéril à sortir. Parce que non, tout ce qui est petit n’est pas forcément gentil et joli. Haha.»

En fait, elle ne savait même pas quoi lui dire. Et elle regrettait déjà ces mots. Si elle continuait comme ça, Dan se rendrait bien vite compte qu’il n’y avait aucun espoir de ce côté, et il laisserait tomber l’affaire. Ce que Maëdy ne voulait absolument pas. Parce que mine de rien, elle était toute chamboulait. Son cœur battait à toute vitesse, elle ne pouvait nier qu’il ne la laissait pas indifférente. Elle avait de la chance, après tout, d’être solidement tenue par le bras de Daniel Carter. Elle voulut alors profiter de cet instant à fond. Ainsi, elle se serra un peu plus contre lui, et leva la tête pour lui sourire.

*…*

« … »

*Magnifique. Y’a pas d’autre mot. A part peut-être beau, splendide, et tout ce qui va avec. Non mais t’as vu ses yeux ?*

Maëdy détourna alors le regard, voulant à tout prix cacher le rouge qu’elle sentait apparaitre sur ses joues. Heureusement qu’il faisait nuit. Puis une autre pensée lui vint à l’esprit. Et pas des plus réjouissantes : si elle était en ce moment même très proche (dans tous les sens du terme) de Dan, et que cela venait à se savoir (chose qui n’allait certainement pas tarder), cela signifiait que tout son fan-club allait…

« Oh mon dieu… » Murmura-t-elle alors dans un murmura à peine audible, le son s’évaporant dans l’air glacial.

*Oui, c’est ça. Oh mon dieu.*

« Elles vont me tuer ! Je vais mourir à cause de… à cause de toi ! » S’exclama-t-elle soudain, se détachant de la molécule qu’ils formaient pour pouvoir le pointer du doigt.

Cependant, elle ne se fit pas prier pour retourner se caler contre la cause de sa mort prochaine. Car pour le moment, elle avait froid.

Ils arrivèrent enfin au bord du lac. Maëdy regarda alors le ciel. Les étoiles scintillaient et se reflétaient sur la surface lisse de l’eau. Tout au fond, derrière la rive qui leur faisait face, la Forêt Interdite s’imposait à eux comme une masse ténébreuse. Et cette noirceur contrastait étrangement avec la douceur que formaient le lac et le ciel, comme si ces derniers étaient une barrière les séparant d’un monde effrayant. Et lorsque les yeux de la jeune Serdaigle rencontrèrent la pleine lune, elle ne put s’empêcher de murmurer :

« Même la nuit, Poudlard est magnifique. »

Et ce fut alors qu’un long cri se fit entendre, faisant sursauter la jeune fille. Si elle se fiait à ses pensées, il s’agissait d’un animal. Mais le lien animal – pleine lune se fit très rapidement, et elle poussa alors un petit gémissement de peur. Depuis qu’elle était toute petite, les loups-garous étaient l’un de ses pires cauchemars.

Juste après le premier hurlement des loups-garous donnent fit une petite remarque à Maëdy, pleine de sous-entendu. Cependant Esmée n'entendit pas la réponse de son amie, dix fois plus absorbés par ses réflexions. Cette soirée était dédié principalement à la sottise, puisqu'ils sortaient longtemps après l'extinction des feu, et à l'amusement. Mais suite à l'arrivée de Daniel et son probable plan "drague" qui avait pour cible Maëdy, Esmée était extrêmement déçue. Elle allait se retrouver avec un nouveau couple en herbe, tout beau, tout frais. Et elle seule, et complètement gênée.

" Alors là, on pouvait pas faire mieux. Si ca continue comme ça, j'vais tenir la chandelle, moi !! Non mais oh, alors là, ils peuvent toujours rêver ! Au pire, ils se retrouvent un autre soir dans Poudlard et sans moi, pour se bécoter sans le regard assassin des groupies qui pourraient passer à côté d'eux si c'était en pleine journée. Attends un peu pour voir... "

Alors d'un seul bond, elle se plaça devant Daniel et Maëdy, pour arrêter la marche et mettre les choses au point avec eux, avant qu'elle ne se sente trop seule. Elle tendait les bras, paumes en direction de chaque élève.

« Alors que ce soit bien clair. Ce soir, nous sommes censés nous amuser, discuter et tout le tralala qu'on devrait faire avec des amis. Toi Daniel, ta présence ne nous dérange pas mais tache au moins de te retenir ! Parce que moi si c'est pour que je tienne la chandelle, vous rêvez ! Autant que je rentre tout de suite au dortoir pour aller me recoucher. Donc vous attendrez un autre moment pour vous bécoter, c'est-à-dire lorsque vous serez seuls ! »

Elle les regardait bien, les dévisageant profondément, essayant de voir une onde de colère mais rien. Elle leur adressa un petit regard d'excuse, et le pensait intérieurement même si la plupart des choses qu'elle venait de dire, elle le pensait vraiment. Et puis chacun son tour, après tout. Tout à l’heure Dan l’avait légèrement grondé, mais en restant gentil. Elle le grondait aussi gentiment que lui l’avait fait. Mais elle se pinça les lèvres, et leur fit signe de la suivre restant devant pour pouvoir les emmener à son petit coin. Elle les entendait chuchoter, peut-être en train de prévoir leur prochaine sortie en tête à tête. Un autre hurlement de loup. Cette soirée promettait pour l'instant. Rencontre imprévu, futur couple en prévision, loup. Que se passera-t-il ensuite ? La Gryffon croisait les doigts pour qu'ils ne leur arrivent rien de grave. Elle se retourna pour vérifier si Maëdy et Dan étaient toujours derrière elle. Bras dessus, bras dessous, il la suivait sagement, comme deux bons et sages élèves. Esmée aperçut son point d'arrivée dans l'obscurité, elle ralentit le pas en leur indiquant le lieu. Ils arrivèrent à destination et elle s'installa à sa place habituelle, alors que les deux autres s'asseyant à terre bien que Maëdy ne tenait pas tellement en place. La nuit n'était pas totalement noire. La lumière de la lune qui était reflétée par le lac permetter de pouvoir voir le visage de ces deux interlocuteurs.

« Dan, tu m'expliques ce que tu faisais à la salle commune à une heure pareil ? »

Dan retira ses bras des mains des jeunes filles pour les passer autour de leurs épaules respectives, de manière à les serrer un peu plus contre lui et leur transférer sa propre chaleur corporelle. On avait beau dire dans toute l’école qu’il était un égoïste qui se fichait totalement des sentiments des filles, il n’en restait pas moins un véritable gentleman. Et par conséquent, il voyait bien que la fraîcheur de la nuit glaçait les os de ses deux compagnes, et il ne se permettrait pas de les laisser avoir froid sans tenter quoi que ce soit pour les réchauffer un peu. C’était une question d’honneur !

Tandis que Maëdy contrecarrait sa énième tentative d’approche, et qu’Esmée piquait une crise pour qu’il cesse son petit jeu de séduction, le Gryffondor poussa un soupir de lassitude. Elles n’étaient pas drôles. Et toute cette aventure de sortir dans le parc lors de la pleine lune, en plein milieu de la nuit, ça commençait à ne plus l’amuser du tout. Et si Dan aimait une chose (en plus des filles, de la nourriture et du Quidditch – oui, la liste commence déjà à être longue), c’était s’amuser. Et faire l’andouille avec Will, mais ça, il valait mieux que les filles ne l’apprennent pas. Quoiqu’elles étaient peut-être déjà au courant, ce n’était pas non plus un secret d’Etat. Il décida donc de commencer par détendre l’atmosphère un peu tendue qui les enveloppait.

« Maëdy, je sais très bien ce que je dis. Et quand je dis qu’une fille est jolie, c’est qu’elle l’est. Et puis… » Et là, il adressa un clin d’œil à Esmée. « Esmée est petite, et elle est très jolie aussi… En fait, j’hésite entre vous deux… Mais si vous êtes de bonnes amies, je peux peut-être me partager en deux. Un jour je sors avec Esmée, et le lendemain avec Maëdy, qu’est-ce que vous en pensez ? »

Et devant leur air abasourdi par une telle proposition, il ne retient pas, cette fois, le rire qui lui chatouillait la gorge. Il se tint même les côtes pendant quelques minutes, lâchant leurs épaules. C’est ainsi que le temps défila lentement, sur une image du garçon riant aux éclats et des jeunes filles interloquées. Finalement, Daniel se redressa et essuya une larme de rire qui avait perlé au coin de son œil, puis repassa ses bras autour d’elles. Ils continuèrent d’avancer, mais de temps à autre, il se remettait à ricaner silencieusement. Les filles allaient probablement être un peu fâchées qu’il se soit moqué d’elles. Mais ce n’était pas bien méchant, pas du tout, quand on y pensait bien.

Ils arrivèrent sous le saule pleureur dont Esmée avait parlé précédemment. L’endroit était magnifique, et de là, personne ne pourrait les voir. Dan alla s’asseoir contre le tronc de l’arbre, délaissant les demoiselles. Il souriait de son sourire le plus beau. Le plus beau car le moins charmeur, c’était celui qui indiquait juste qu’il était heureux, ou satisfait. Quand Maëdy l’avait pointé du doigt en l’accusant de son futur meurtre par ses groupies, il n’avait pas réagi sur le coup. En fait, il était en train de réfléchir à cette possibilité. Même si les harpies n’étaient pas aussi encombrantes que celles de Sirius Black, il y avait des chances pour qu’effectivement, ces filles cherchent à faire passer un message. Même s’il leur avait formellement interdit de s’en prendre à qui que ce soit.

« Tu sais, Maëdy… » commença-t-il d’une voix un peu plus sérieuse cette fois, ce qui étonnait souvent les gens, qui n’avaient pas l’habitude de le voir se comporter ainsi, « Sauf si on se fait prendre, mais je pense que personne n’entendra parler de cette escapade. Pas par moi, en tous cas. Et si on s’en prend à vous… Je veillerai personnellement à ce que votre agresseur souffre dix fois ce qu’il vous aura fait subir. »

Puis il tourna la tête vers Esmée.

« Pas grand-chose. Je lisais. Ma mère est prof de littérature dans un lycée moldu. Et je n’échappe pas à sa passion. Même si c’est un peu la mienne aussi. »

Cela lui rappela la promenade qu’il avait faite un peu plus tôt dans la semaine avec Emma, pendant laquelle ils avaient discuté de nombreux livres. Son sourire resta le même tandis que ses yeux s’illuminaient doucement. Une question venait de lui revenir en mémoire.

« Dis, Maëdy… Ca fait longtemps que le préfet des Poufsouffles sort avec Emma Nielsen ? »

Suite à la réponse de Dan – là où il était question d’alterner chaque jour de petite amie entre Esmée et elle – Maëdy l’observa rire. D’un regard totalement abasourdi. Il était vraiment tordu, finalement, ce garçon… Et seulement quelques instants plus tard, ils purent reprendre leur route en direction du saule pleureur. Et le Gryffondor s’installa sur le tronc, tout sourire. Un sourire qui la fit littéralement craquer, soit dit en passant…

*Arrête un peu, je te dis.*

Mais lorsque la jeune Serdaigle entendit le second discours de Daniel, elle dut se raccrocher à Esmée pour ne pas tomber.

*Pathétique.*

Maëdy regarda alors dans le vide d’un air blasé. Ce qu’elle en avait marre des remarques incessantes de sa stupide conscience ! Car oui, elle était stupide, à la tout le temps vouloir la freiner sur ses sentiments. Etait-ce elle qui avait influencé son admission à Serdaigle ? Sans doute. Mais à présent, Maë reprenait enfin le dessus, et avait retrouvé la force de contrôler son corps tout entier ! Le monde s’offrait à elle, plus rien de pourrait lui échapper !

* Ouais… bah ça s’arrange pas. Heureusement que je suis là… Et puisque tu y tiens, vas-y ! Saute lui dessus, sur ce beau Dan ! Après tout, il n’attend que ça. Mais ne vient pas te plaindre !*

Elle répondit alors, tentant d’effacer cet air étrange de son visage :

« J’espère bien. Car après tout, tu es un valeureux chevalier Gryffondorien… »

Et elle sourit, fixant de ses grands yeux bleus ceux de Dan, tentant de lui dire à travers ce regard ce que sa conscience l’empêchait de dire… Même si depuis quelques instants, elle avait levé toute interdiction. Mais… Alors ça voulait dire qu’elle pouvait faire ce qu’elle avait envie sans… culpabiliser ? Maëdy réfléchit encore quelques secondes, puis en vint à la conclusion suivante : il fallait absolument qu’elle arrête de se prendre la tête. Daniel l’avait tellement troublée qu’elle en était venue à embrouiller sa propre conscience… ce qui faisait qu’elle-même était totalement perdue. Ce qui était compréhensible, non ? Alors elle lâcha Esmée, s’avança d’un pas hésitant (la faible lueur ne l’aidant pas tellement) et finit par s’asseoir près du « preux chevalier ». Elle resta là encore quelques secondes à se demander si elle devait faire ce à quoi elle était en train de penser. Et la réponse fut positive. Hésitant encore une demi-seconde, elle se pencha sur la droite et posa sa tête sur l’épaule de Dan, laissant sa main gauche sur le bras de ce dernier. Elle espéra qu’il ne réagirait pas trop mal, histoire qu’elle ne se prenne pas la honte sur ce coup là… Mais commençant à connaitre le numéro, elle se dit qu’il le prendrait plutôt bien. Puis il lui posa une question, à propos du préfet des Poufsouffles et d'une de ses camarades de Serdaigle. Maëdy mit quelques instants à se rappeler du nom dudit préfet, puis elle du réfléchir encore pour pouvoir y mettre une tête. Quand enfin elle visualisa les deux personnes, elle put répondre à la question, levant la tête, car elle était légèrement interloquée.

« Mais... Ils ne sortent pas ensemble ! Enfin... pas à ma connaissance. Non, en fait, c'est son meilleur ami ! Ils sont toujours ensemble, c'est vrai, et aussi très proche... Enfin, après, je ne suis pas au courant de toute leur vie sentimentale, hein, mais je ne crois pas qu'ils sortent ensemble. »

Mais alors qu’un nouveau hurlement de loup-garou retentissait (provoquant un nouveau frisson de la part de Maë), quelque chose d’étrange se produisit. Pas étrange au sens habituel qu’employait la jeune fille, mais plutôt au sens propre. Une lueur venait d’apparaitre, mais elle n’avait rien à voir avec la Lune. Et cela ne pouvait venir de la forêt interdite, car les rayons lui parvenaient depuis la gauche… Elle se défit des bras du jeune Gryffondor et se leva, le regard fixé sur la source de lumière flamboyante. Maëdy passa ensuite à travers les branches de l’arbre, laissant derrière elle ses deux amis. Et elle pu alors voir plus clairement la chose… Sur la même rive du lac qu’eux, mais plus éloignée ; une dizaine de mètres à tout casser. C’est une sorte de… forme ovale et blanche. Blanche, mais étonnamment brillante. Et… hypnotisante. Oui, c’était le mot. Cette force « surnaturelle » l’attirait, elle devait la rejoindre, même si elle ne savait pas vraiment pourquoi. Elle ne semblait même pas se rendre compte qu’elle s’était déjà beaucoup éloignée du saule, et par conséquent, d’Esmée et Dan. Non, la petite Maëdy n’avait d’yeux que pour cette chose blanchâtre. Et lorsqu’elle fut en fut à moins de trois mètres, elle crut apercevoir un visage, mais étant comme noyé dans la brume argentée, il ne put en distinguer les traits très clairement. Mais ce ne pouvait être un esprit, c’était beaucoup trop consistant pour ça, et ce ne pouvait non plus être un fantôme, pour la même raison. Qu’est-ce que c’était alors ? Elle n’en savait rien… Est-ce que les deux autres pouvaient là voir aussi ? Dans le cas contraire, cela signifierait-il qu’elle était en train d’halluciner ? Il n’y avait qu’une solution : d’un geste tremblant, elle leva le bras et le tendit vers l’étrange phénomène… Mais alors que ses doigts ne se trouvaient plus qu’à quelques centimètres de la chose, l’air encore plus froid que la température actuelle se réchauffa brusquement, et Maëdy se sentit alors projetée, atterrissant à quelques pas du bord du lac violemment. Elle mit quelques instants à reprendre conscience, et se releva lentement, haletante. Inquiète, elle chercha des yeux la lueur, qui semblait avoir disparu.

*Non, tu ne deviens pas folle, rassure-toi. Tu ne deviens pas folle… Tu ne deviens pas… Ah !*

Mais la chose venait de réapparaitre, aussi brusquement qu’elle l’avait projetée dans les airs. Maëdy sursauta en poussant un cri, et avant qu’elle ne puisse calculer quoi que ce soit, elle se sentit tomber en arrière. Et ce fut uniquement lorsque l’eau glacée heurta son dos de plein fouet, lui donnant l’impression que des milliers de petites aiguilles s’y enfonçaient, qu’elle se rendit compte de ce qui lui arrivait : l’étrange silhouette blanche l’avait propulsé dans le lac, dont le froid la paralysait peu à peu. En plus, elle n’avait jamais réellement été très bonne nageuse, et elle ne s’était pas encore remise de son état d’hypnotise. Elle sombrait…

*Non, tu ne vas pas mourir… Accroche-toi ! Tu n’as pas encore vécu toute ta vie, tu ne peux pas mourir maintenant ! C’est… c’est impossible…*

Mais le froid l’engourdissant, elle ne pouvait plus se débattre.

Assis au pied du tronc d'arbre à côté de Dan et Maë, Esmée se disait que Dan état un grand dragueur. Il n'avait eu besoin que de quelques minutes pour faire ses preuves. Malgré le clin d'œil du jeune garçon, elle n'avait pu s'empêcher d'aborder une mine assez médusée. Ce cher Dan avait par la suite explosé d'un rire tonitruant. Esmée avait pris sa tête dans les mains puisque primo, Dan avait un rire très fort et que ce n'était pas vraiment normal d'entendre quelqu'un rire à l'extérieur à environ une heure du matin mais aussi parce qu'il était moqueur, surement à cause des têtes qu'elles avaient eu toute les deux.
Elle revint à l'instant présent car Maëdy c'était appuyée sur la Gryffondor. La Serdy devait encore être sujette à un sens développé de la maladresse. Puis Maë alla s'asseoir à côté de Dan, si bien que le garçon était entouré des deux filles. Dan et Maëdy discutaient et Esmée les écoutait d'une seule oreille, dans un état second. Elle n'était pas vraiment présente, elle réfléchissait, pensait, partait dans ses souvenirs. Si bien que lorsqu'Esmée voulut parler à Maë, elle se rendit compte que la jeune fille n'était plus à sa place. Esmée se leva brusquement.

« Dan, ou elle est passée ? »

Elle avait dit ça, les yeux grands ouverts, se mordant les lèvres jusqu'à ce qu'elle ressente profondément une douleur. Puis ils sortirent de la cachette que leur procuré le feuillage du saule-pleureur. La nuit était sombre si bien que les yeux d'Esmée mirent un certain temps à s'adapter au noir, malgré la lueur de la pleine lune.
Soudainement elle aperçut une silhouette au loin, qui pouvait bien ressembler à son amie. Elle s'approcha pour mieux détailler la personne et l'a reconnu mais au moment où elle allait l'appeler, elle disparut.

« Merde ! »

Elle s'était mise à courir, là où avait été Maëdy quelques instants auparavant. Elle s'accroupit auprès du lac, et aperçut l'eau qui bougeait encore. Sans qu'elle ne s'y attende, des larmes jaillirent de ses yeux. Elle s'était mise à pleurer, sans s'arrêter.

« Maë, Maë, Maë, Maë...Qu'est-ce que t'a foutu !!? Maë ! »

Elle n'arrêtait pas de répéter le nom de son amie comme si cela allait la faire revenir. Et complètement affolé elle quitta ses chaussures et commença à enlever sa veste. Elle se tourna vers Dan, larmes aux yeux, affolés, avec une respiration saccadée. Elle l'attrapa par les épaules et lui dit :

« Va chercher quelqu'un qui pourra nous aider. N'importe qui... un ami... un professeur. Prend des affaires chaudes et bouge-toi ! »

Elle se tourna face au lac, prête à plonger. Elle devait sauver son amie quitte à mettre sa vie en péril cela n'avait aucune importance. Elle ferma les yeux, pensant à la fraicheur de l'eau et respira un bon coup.

" Et si elle meurt à cause de la température de l'eau ? Et si jamais elle... non ! Pas question. "

[Suite dans la Tour des Gryffondors]

Sujet: Re: Balade nocturne [Maëdy et Esmée]