Morten s’était réveillé ce samedi matin dans l’espoir que tout s’arrange enfin. Il n’avait pas parlé à Emma depuis leur dispute à la bibliothèque. Il l’avait aperçu dans certains couloirs, mais sa jeune sœur l’évitait à chaque fois. Il n’avait jamais voulu la blesser autant. Il savait qu’elle allait prendre ses paroles très mal, mais pas autant. Et il se rendait compte à présent que lui aussi avait poussé le bouchon un peu loin. C’était lui le grand frère. C’était à lui de prendre sur lui, et il regrettait à présent ce qu’il lui avait dit. En fait, il les avait regrettées dès l’instant où il avait vue Emma s’éclipser dans les rayons. Mais sur le moment, il n’avait pas vu comment faire autrement. Voir sa sœur avec un garçon qu’il détestait l’insupportait au plus haut point. Si seulement il avait su la retenir, il se serait excusé, l’aurait réconforté, et même si elle ne lui aurait pas pardonné, elle ne l’éviterait peut-être pas, à présent.

Ce samedi matin, donc, la majorité des élèves étaient partis au village voisin, Pré-Au-Lard, et ce, malgré la forte pluie. Morten devait en faire partie, mais d’habitude, il s’y rendait avec Emma, ce qui accentua son attitude dépressive. Mais connaissant sa sœur, ce qu’il ressentait devait être minime comparé à elle. C’était principalement pour cette raison qu’aujourd’hui, il devait la trouver, et tenter de se faire pardonner. Auprès d’elle évidemment, William, lui, n’avait qu’à courir.

Morten se leva donc de son lit, et s’habilla sans vraiment faire attention à ce qu’il portait (ce qui ne lui ressemblait guère). Il traversa la salle commune le plus vite possible, mais à peine avait-il posé le pied sur le sol qu’une jeune fille s’approchait de lui. Il la reconnut comme étant celle qui était venue l’informer de la présence d’Emma & Will à la bibliothèque. Se souvenant de ce détail, il la bouscula et passa son chemin sans prononcer un seul mot. Morten fit tout de même un détour par la Grande Salle, afin de ne pas partir à la recherche d’Emma le ventre vide. Sinon, il risquait d’être encore plus désagréable (si c’était possible, au point où il en était). Il mangea ses œufs brouillés à tout vitesse, et se releva quelques minutes à peine après être arrivé. Mais lorsqu’il eu atteint la porte, il s’immobilisa quelques secondes, et fit demi-tour. Il prit quelques toasts qu’il enveloppa dans une serviette en papier, ainsi que deux muffins au chocolat. Un imperceptible sourire se dessina alors vaguement sur son visage, tandis qu’il retournait dans le hall. Bien à présent, la question était Où trouver Emma ? Le château était si grand… Puis son regard fut attiré sur les grandes portes, que quelqu’un était en train d’ouvrir. Cette personne était littéralement trempée, ce qui lui indiqua que ce n’était pas de la rigolade, dehors. Cependant, il ressentit quelque chose d’étrange. Comme si une force intérieur lui indiquait que l’endroit qu’il cherchait, c’était le parc. Alors Morten ne réfléchit pas plus longtemps, brandit sa baguette magique et prononça un « Accio » en pensant très fort à sa veste la plus chaude, à l’intérieur de son dortoir. Une fois le vêtement enfilé, il inspira un grand coup et passa les portes.

Effectivement, ce n’était pas une petite pluie de rien du tout. Malgré la chaleur que lui apportait sa veste, Morten se retrouva très vite trempé et frigorifié par les trombes d’eau tombantes d’un ciel très sombre. Il se rendit alors compte qu’il était fou de venir là, et qu’il lui paraissait impossible qu’Emma soit sous cette pluie. Il s’apprêtait donc à renter au château, lorsqu’une mélodie lui parvint. Une mélodie très familière, qu’il ne pouvait que reconnaitre. Il se retourna face au parc, et tenta de repérer la source de cette musique. Car malgré le bruit des milliers de gouttes d’eau se fracassant au sol, le son semblait lui parvenir avec une facilité surprenante. Il se dit que celle qui la jouait devait en ce moment s’en imprégner, ce qui expliquait sa puissance. Morten décida donc de se laisser guider par les notes de musique. Quelques minutes plus tard, alors qu’il manqua de peu de se retrouver dans le lac la tête la première, la musique sembla s’intensifier. Il se retourna, et vit un saule pleureur devant lui. Il songeait à s’en servir comme abris, mais au moment où il écarta les branches, il vit que quelqu’un y était déjà assis. Mais s’il fut surpris durant la première seconde, Morten poussa un énorme soupir de soulagement et ne pu s’empêcher de sourire en reconnaissant sa sœur. Sa sœur qui jouait du violon. Il n’avait donc pas rêvé, la musique était bien réelle, et elle l’avait guidé jusqu’ici. Etait-ce volontaire ? Le Serpentard n’en savait rien, mais ce qui lui importait pour le moment, c’était qu’il venait de retrouver Emma.

« Marco ? »

Sa voix n’était plus du tout celle qu’il avait pu employer lors de leur altercation à la bibliothèque. Au contraire, cette phrase avait été prononcée timidement, comme une excuse. Mais ce mot, il savait que ce n’était qu’une introduction. Cette fois-ci, il n’allait pas la laisser s’échapper, car il lui devait quelques explications… Et elle devait absolument arrêter de l’ignorer. Il remarqua ensuite qu’elle était trempée. Sans attendre une seconde de plus, il retira sa veste, et la posa sur les épaules d’Emma, passant sa main sous son menton, la forçant à le regarder dans les yeux.

HJ : J'espère que ça te convient ^^ . Cependant, ça risque d'être la seule réponse des vacances... Et moi aussi, j'ai été inspirée de ton RP

En voyant Emma repousser sa veste, Morten sentit comme une boule au creux de son estomac. Il savait qu’il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même, mais il avait espéré qu’Emma serait un tantinet moins rancunière, bien qu’il la comprenne. Mais cela ne lui suffit pas pour qu’il puisse penser à abandonner. Il avança donc d’un pas, en se demandant si oui ou non c’était le moment de la prendre dans ses bras et de lui dire à quel point il était désolé… Mais en voyant son regard, il su que ça ne l’était pas. Il la voyait troublée, et cru apercevoir ses yeux briller, mais il ne su si c’était du à la pluie, ou si Emma avait réellement les larmes aux yeux. Et ce qu’il ne pouvait supporter pour rien au monde, c’était bien de voir ses frère et sœurs pleurer, surtout si c’était à cause de lui. Et malgré son âme de Serpentard, la culpabilité le rongeait. Et il réalisa que se faire pardonner par Emma ne serait pas aussi facile. Mais lorsqu’il vit à quel point la jeune fille luttait pour ne pas que son violon ne s’écroule sur le sol, morte de froid, il ne pu se résoudre à la laisser ainsi. Il sortit sa baguette magique de sa poche, et voulut prononcer une formule, sensée créer un souffle chaud à son extrémité. Mais avant que le moindre son ne jaillisse de sa bouche, Emma lui avait crié de s’en aller. Elle lui en voulait donc à ce point là ? Il eut un mouvement de recul, mais son geste n’alla pas plus loin : il ne pouvait lui obéir. Il ne pouvait s’en aller en laissant sa sœur dans cet état. Il ne pouvait supporter cette tension. Et le pire, c’est que c’était de sa faute. Il fallait qu’il réagisse, qu’il se conduise une bonne fois pour toutes en grand frère digne de ce nom. Il se résolu donc à pointer sa baguette magique sur Emma, et à prononcer la formule du sortilège. Et comme prévu, un léger souffle chaud jaillit et atteignit sa cible. Tout en la réchauffant, Morten dit à sa sœur :

« Non, je ne m’en irai pas. Emma, je t’en prie, arrête de m’en vouloir comme ça. Je sais que je me suis très mal conduit mais… Au fond, ce n’est pas vraiment ma faute. Je suis comme ça et… Ok, oublie. Toute façon, quoi que je te dise, tu ne seras pas satisfaite, n’est-ce pas ? Alors ce que je vais faire, c’est continuer à te réchauffer, parce que si ça continue, tu vas claquer sur place. Et ton violon va se briser en mille morceaux, si tu le lâches. Comme la dernière fois, tu te souviens ? »

Morten s’assit ensuite contre le tronc d’arbre, sur la gauche d’Emma. Il continua :

« Je vais m’asseoir là. Et t’attendre. »

Il ne pu dire un mot de plus. Car il savait que le moindre mot supplémentaire l’aurait trahi. Car malgré le fait que Morten soit un Serpentard, malgré le fait qu’il était le grand frère, malgré le fait qu’il devait se montrer fort et puissant aux yeux de tous, malgré le fait qu’il ai dit des choses horribles à sa jeune sœur, malgré le fait qu’il faisait tout son possible pour garder son air impassible… Malgré tout ça, il tourna sa tête sur sa gauche, de façon à ce qu’Emma ne puisse distinguer son visage, et ainsi, il pu laisser les larmes ruisseler sur ses joues, en silence.

*Je suis pitoyable…*

Il fallait qu’il se calme. Il fallait que ces larmes arrêtent de couler. Il ne devait se montrer dans un tel état de faiblesse face à sa sœur. Parce qu’au final, tout cela était arrivé à cause d’un stupide mal entendu. A cause de cette fille, première groupie de son fan club, qui le connaissait assez pour savoir que le fait de voir Emma avec un autre garçon pouvait le mettre hors de lui… Mais cette vieille citrouille défraichie ne pouvait réellement connaitre Morten autant qu’Emma. Personne ne pouvait le connaitre autant que sa petite sœur. Et il lui semblait que c’était réciproque… Mais alors, comment avait-il pu mettre en doute sa confiance envers elle ? Comment avait-il pu s’énerver autant, alors que visiblement, ils étaient juste en train de discuter à la bibliothèque ? Bon, effectivement, il s’agissait de William Green, son pire ennemi, rival depuis le premier jour, dans la maison qu’il détestait. Il y avait aux yeux du Serpentard assez de raisons pour en vouloir à sa sœur. Mais lui, il n’y pouvait rien. Et si s’opposer à cette relation signifiait briser le cœur d’Emma, alors Morten préférait encore le haïr en silence. Ou le plus loin possible d’elle. Tant que cela restait de l’amitié, après tout.

Quelques instants plus tard, il entendit le bruit de la fermeture éclair de l’étui du violon. Il se demanda alors si Emma comptait partir, sans lui dire un mot. Il se lèverait alors, lui aussi, et la suivrait, jusqu’à ce qu’elle daigne lui pardonner. Il ne demandait pas grand-chose, elle n’était même pas obligée de lui dire quoi que ce soit, mais il aurait voulu qu’elle lui fasse un signe, que toute cette histoire s’efface peu à peu, et que ce détail n’en soit plus qu’un parmi tant d’autres. Puis il sentit un souffle chaud, sur lui. Il devina qu’Emma ne s’était pas enfuie. Et soudain, la chaleur qui était sensée le sécher quelque peu semblait l’atteindre au plus profond de lui-même… Il se sentait revivre ; non pas grâce au charme que sa petite sœur avait reproduit, mais parce que justement, il venait d’elle. Seulement, il savait que cela ne signifiait pas pour autant que tout était pardonné.

Puis, Morten la sentit s’écrouler contre lui, passer ses bras autour de son cou, et se réfugier au creux de son épaule. Il devina aussitôt qu’elle pleurait. Et cela le mit encore plus mal à l’aise. Il avait toujours eu l’habitude de recevoir les larmes d’Emma, car il la consolait très souvent, mais dans cette situation, où c’était lui qui provoquait tout ça, et où tous les deux étaient blessés, il ne savait plus quoi faire. Il opta pour le silence. Ce silence qui voulait tout dire. Et cette étreinte le rassurait, mine de rien.

Il tenta de résister lorsqu’elle voulut le forcer à la regarder dans les yeux. Non… Il ne fallait surtout pas qu’elle le voit pleurer. Mais il fut malgré lui obligé de lui céder, et son regard finit par rencontrer les yeux noisettes. Morten y décela la surprise, et voulut aussitôt lui faire comprendre que tout allait bien, qu’elle n’avait aucune raison de s’excuser, que tout était de sa faute, qu’il avait agit comme un parfait imbécile. Imbécile, c’était le mot.

« Je comprends Emma. Je suis un crétin fini. Je n’ai pas le droit de réagir ainsi. Mais saches que je regrette vraiment ce que je t’ai dit. Tu es ma petite sœur, et pour rien au monde je ne pourrais te laisser tomber. Je… Tu vois, je ne sais même plus quoi te dire. Juste… Je t’aime. »

Puis, il ajouta, avec un petit sourire :

« Et que serait ma petite sœur adorée sans son horrible grand frère, hein ? Tu ne pourrais même plus te plaindre à ton Gryffondor d’ami. »

D’un geste rapide et presque imperceptible, il essuya son visage, et propulsa Emma au sol, avant de la chatouiller.

Comme lorsqu’il cherchait à faire rire Emma après l’une de leurs disputes.

Comme lorsqu’ils étaient enfants.

Comme avant.

Morten savait qu’Emma ne lui avait toujours pas pardonné, mais au moins, ils étaient réconciliés. Et c’était ce qui comptait le plus pour lui, en cet instant. Cet instant qui était à ses yeux beaucoup plus qu’une scène de réconciliation. Il avait retrouvé sa sœur, et le fait d’entendre ses rires lui procurait une immense joie. Car malgré les trombes d’eau, malgré le froid glacial, il avait su entendre l’appel d’Emma à travers son violon. Ce n’était pas par hasard qu’il avait perçut cette mélodie. Et pour la première fois, il s’était entièrement dévoilé, pour la première fois, il n’avait pas usé de toutes ses forces pour cacher ses sentiments, pour la première fois, il avait osé pleurer devant sa petite sœur. Cela signifiait qu’il avait été blessé autant qu’elle lors des derniers évènements, que finalement, il n’était pas maitre de la situation. Car au fond de lui, il avait du mal à accepter le fait que sa sœur s’éloigne un peu plus de lui chaque jour ; il aurait voulu la garder entièrement pour lui, comme si seule sa présence pouvait la protéger de tous les dangers de la Terre, pouvait l’aider à mieux gérer sa maladie, pouvait tout simplement lui prouver qu’il était là, pour toujours. Oui, mais voilà, il n’avait pas toujours été présent. Et ça, il fallait qu’il l’assume.

Mais au bout d’environ dix minutes, Emma contrattaqua en posant un seul doigt sous ses côtes. Il fit alors un immense bon en arrière, éclatant de rire. Il lâcha donc sa proie, et resta quelques secondes allongé sur le sol, riant en se tenant les côtes. Mais elle dit quelque chose. Qui l’arrêta immédiatement. Il se releva, et elle s’approcha, essuyant les dernières traces de ses larmes. Il se laissa faire lorsqu’elle prit sa tête entre ses mains, et qu’elle colla son front au sien. Leurs regards se croisèrent à nouveau, encore plus profondément que quelques instants auparavant. Et il comprit ce qu’elle voulait savoir.

« Je te cherchais, je courrais à travers tout le château pour m’excuser de mon retard. Et elle est venue, cette fille. Cette stupide groupie, qui ne loupe pas une occasion pour essayer de m’avoir pour elle tout seule. Elle m’a dit… »

Morten s’interrompit. Il se rendit compte à quel point il avait pu lui-même être stupide. Comment avait-il pu croire à une telle idiotie ? Sans doute à cause de son tempérament colérique et impatient… Mais cela ne l’excusait en rien. Il reprit alors, sachant que quoi qu’il dise, il ne pourrait justifier ses paroles.

« Elle m’a dit que tu étais avec un garçon à la bibliothèque. Et que vous vous embrassiez. Ou quelque chose dans le genre. Alors, tu me connais, j’ai couru vous rejoindre… Et la suite, ben… On la connait. »

Il détourna son regard, honteux. Il aurait voulu plus que tout avoir le pouvoir d’effacer cette histoire, de modifier leurs souvenirs, d’oublier cette journée. Mais il ne pouvait pas, et Morten prit conscience que toute personne avait le devoir d’assumer ses faits et gestes. Et que en l’occurrence, Emma mettrait un peu de temps avant de lui pardonner entièrement.

« Il t’a sauvée… Je crois que j’ai une dette envers lui. Chose qui m’embête vraiment… Je ne pourrais pas l’achever lors de notre prochain match ! »

Puis Emma l’embrassa sur le front. Il voulut lui répondre, en déposant ses lèvres sur sa joue, mais avant qu’il n’ai pu faire quoi que se soit, elle l’entoura de ses petits bras, et logea son visage dans son cou. Morten parut surpris pendant une seconde, mais ses lèvres se tordirent en un sourire, simple, exprimant la joie d’être avec sa sœur en ce moment. Il posa donc ses bras sur elle, et pencha la tête sur celle de cette dernière. Il était simplement heureux d’être là, à l’abri de la pluie, et serrer contre lui sa petite sœur, d’apprécier le fait qu’ils soient de nouveaux réconciliés.

« Ils s’inquiètent souvent. J’écrirais une lettre aux parents ce soir, pour leur dire que tout va bien. En ce qui concerne les jumeaux… On devrait renouveler cette soirée qu’ils avaient prévue. »

Il baissa les yeux vers la Serdaigle, et reprit, dans un petit rire imperceptible :

« Toi non plus, tu n’y es pas allée ? »

Morten pensa alors que s’il n’avait pas beaucoup parlé à Zach & Karen ces derniers jours, il devait en être quasiment la même chose du côté d’Emma. Car il était aussi leur grand-frère, après tout, il ne devait pas les mettre de côtés. Même si, cette semaine, sa priorité avait été Emma. Et étant réconcilié avec cette dernière, il se promit qu’il irait prendre des nouvelles des jumeaux dans le week-end. Mais pour l’instant, il était avec elle, c’était leur moment, et il ne le briserait pour rien au monde.

HJ : Je sais pas si c'est compréhensible les dernières lignes, je savais pas comment formuler ça .

« Ne t’en fais pas pour ça… Je pense même pouvoir en faire un peu plus. Promets-moi juste une chose : si un jour tu tombes amoureuse, ne deviens pas niaise au point de délaisser ton grand frère adoré. Parce que je sais à quel point une fille amoureuse peut être idiote. Et toi, tu es loin d’être idiote, et ça m’embêterais vraiment que tu le deviennes. »

Et Morten continua de serrer Emma contre lui, ne voulant penser que tôt ou tard, il devrait la lâcher. Il se demanda si le fait d’ajouter qu’il aurait du mal à supporter la voir en train d’embrasser Will était vraiment utile. Elle avait du le comprendre, finalement. Mais il espéra tout de même qu’ils ne restent que de vagues connaissances, que lui ne soit que « celui qui lui a sauvé la vie une fois » et qu’elle ne soit que « celle qui a atterrit dans ses bras un jour ». Bien qu’au fond, il savait qu’il ne pourrait les empêcher bien longtemps de se voir… Il poussa un léger soupir à cette pensée, se demandant comment il se conduirait avec sa propre fille, s’il en avait une un jour ? Il serait certainement aussi possessif qu’envers Emma, si ce n’est plus. Mais, il n’en était pas encore là, et puis après tout, c’était pour son bien ! Il reporta ensuite son attention sur ce que lui disait sa sœur, quant à sa haine envers William. Il eut d’ailleurs un petit sourire suite à sa remarque.

« Me voler mon amoureuse ? A moi ? Comment peux-tu penser ça une seconde, Emma ? Tu me déçois, petite sœur. »

Il passa alors une mèche de cheveux de la Serdaigle derrière son oreille, et reprit :

« Non, plus sérieusement, j’en sais rien. Ça remonte à quelques années, mine de rien ! Et puis, Serpentard et Gryffondor n’ont jamais réellement fait bon ménage, n’est-ce pas ? D’autant plus qu’il est mon adversaire direct sur le terrain de Quidditch. Et que niveau répartie, il n’est pas mal non plus, dans son genre, ce qu’il fait que quand je le cherche, je le trouve, et inversement. Ça devient vite intéressant, de se battre contre lui. Même sans raison apparente. Parfois, la haine suffit. Mais alors si en plus tu viens te jeter dans ses bras, on n’est pas sortis, je te le dis ! »

Morten éclata ensuite de rire. C’était vrai, William était sûrement « gentil » aux yeux de ceux qui l’appréciaient, mais en tant que Serpentard et adversaire, il ne pouvait que développer un sentiment de rivalité envers lui.

Puis il entendit un bruit de craquement dans la poche de son sweat lorsqu’Emma s’appuya un peu plus sur lui. Il se demanda pendant quelques secondes de quoi il pouvait s’agir, quand il se souvint de l’endroit par lequel il était passé avant de venir rejoindre sa sœur. Il glissa donc une main dans sa poche, et en ressortit la serviette en papier remplie de toast. Il ouvrit le paquet et laissa tomber quelques miettes dans l’herbe, avant d’en tendre un entier à sa sœur, en lui disant :

« Tiens, au fait, j’étais passé prendre ça dans la Grande Salle avant de venir. Te connaissant, tu n’as pas du manger beaucoup, ce matin. Et je ne tiens pas à ce que tu fasses un nouveau malaise… »

« Dans le genre brun ténébreux ? Donc tu compares ton propre frère à ce mec. Je suis profondément vexé, » fit-il d’un ton qui prouvait totalement le contraire. « Oui, je sais bien que tu n’es pas ce genre de fille. Heureusement d’ailleurs… T’imagine la honte pour moi si tu faisais partie du fan club de Green, ou pire, de Carter ? Oh, mon dieu, des Gryffondors, toujours plus de Gryffondors… Trop de Gryffondor tue le Gryffondor. »

Tandis qu’Emma riait, il approcha son visage du sien, et lui murmura avec de grands yeux :

« Ils nous envahissent ! »

Morten fut ensuite flatté de la remarque de sa sœur sur son physique. Bien sûr, il savait qu’il était tout simplement magnifique, mais venant d’elle, cela lui paraissait plus… concret.

Il remarqua que la pluie avait cessé de tomber. Même si cela indiquait qu’ils pourraient rentrer au château, Morten trouvait dommage que cela se soit arrêté. La musique des gouttes d’eau mélangée à la mélodie du violon d’Emma avait provoqué une ambiance magique, comme s’ils avaient été transportés dans une bulle imaginaire, au-delà de toute réalité. Et c’était un peu vrai, dans un sens. Ils s’étaient réconciliés, ils riaient même, à présent ! Si Morten avait su que cette matinée se déroulerait ainsi, alors il se serait levé plus tôt, et de meilleure humeur. Il tenta d’apercevoir un bout du parc entre les longues branches du saule, mais son regard se redirigea aussitôt vers sa sœur. Il l’embrassa sur la joue tandis qu’elle lui faisait remarquer qu’elle n’était pas « une poupée fragile ».

« T’arrêtes de râler, un peu ? »

Puis il passa une nouvelle fois sa main derrière l’oreille d’Emma afin de replacer une mèche de cheveux, avant de reprendre en souriant :

« Et si, tu es une jolie petite poupée toute fragile. Fragile de l’extérieur, du moins. A l’intérieur, tu es la plus solide des poupées… »

Il changea de position, se calant de nouveau contre le tronc d’arbre, et assura qu’il écrirait le soir même à Jens. Quant aux jumeaux, il était vraiment urgent de les revoir, comme il l’avait dit quelques instants auparavant. Il avait toute la journée pour les trouver, au moins.

« Il s’est arrêté de pleuvoir, on devrait y aller. Ca ne va pas durer, et si on reste toute la journée ici, ce n’est pas dans une salle de classe vide que Zach & Karen devront nous rejoindre, mais à l’infirmerie. »

Il aida sa sœur à se relever, ramassa les toasts ainsi que l’étui du violon, et écarta quelques branches afin de faciliter le passage à Emma. Il lança un dernier regard vers les places qu’ils occupaient quelques secondes avant, bénissant intérieurement cet endroit.