She always liked to play a lot... [Traiger]

C’était les vacances de Noël à Poudlard, et une fois encore, nombreux étaient les élèves restés au château, même après le bal réunissant dans la Grande Salle parents et enfants qui était parti un peu dans la mauvaise direction pour les Nielsen, les Green et leurs quelques proches. Etant parti bien avant la fin de la soirée, Morten n’avait pas pu voir comment elle s’était terminé, il n’avait eu que quelques échos de la part des jumeaux – Emma ne lui adressant plus la parole depuis ce soir là. Et plus question non plus de s’approcher d’Abigail – autant par sécurité que par besoin ou envie (non pas que de sortir avec une aussi jolie créature lui déplaisait, mais il avait finalement tant bien que mal réussi le plan qu’il avait élaboré en ayant comme cible William). Bien qu’en réalité le Serpentard fût pleinement conscient qu’il n’avait pas été la seule cause de la fuite de son ennemi lors du bal. Ni de celle de sa sœur, ou encore de tous ceux qui les avaient suivis.

La journée qui s’annonçait était ensoleillée, et même si la température restait dans le contexte d’un mois de décembre digne de ce nom, beaucoup d’élèves s’étaient précipités dans le parc pour profiter de ce jour de répit. Même Morten s’y était prêté, ainsi, il s’était retrouvé dehors à marcher avec ses pensées (parce que ça lui arrivait, mine de rien), mais s’était très vite aperçu qu’il préférait de loin la chaleur confortable d’une place près du feu dans la salle commune des Serpentards. L’un des avantages à vivre aux sous-sols : on n’avait pas tout le château à traverser pour se rendre dans son dortoir. Pas de farces de la part des escaliers, pas énormément de monde se bousculant sans arrêt, seulement le calme glacial des cachots.

Une fois à l’intérieur, Morten passa une main dans ses cheveux trop longs (sa mère lui avait d’ailleurs fait une remarque à ce propos) et analysa les possibilités qui s’offraient à lui avant de choisir un fauteuil isolé dans un coin de la pièce. Il s’y jeta sans scrupules pour la vieille chose qu’était l’objet, et posa ses pieds sur un semblant de table basse devant lui, avant d’observer ses camarades de maison. Et ça riait, jouait, complotait, critiquait, étudiait, dormait, draguait… il y avait vraiment de tout. Tout le temps. Et en temps normal, Morten se serait même levé de son siège, préférant les jolies filles à un fauteuil confortable, pour s’avancer vers cette charmante demoiselle qui lui tournait le dos. Mais le cœur n’y était pas. Non pas qu’il déprimait (peut-être un peu), mais il avait mal dormi la nuit dernière et il pourrait apparaitre plus désagréable que d’habitude. Néanmoins, il continua de fixer cette créature aux longs cheveux bruns, comme si cela pouvait la faire se retourner afin qu’il puisse voir son visage et savoir si ça aurait valu la peine de se lever.

La jeune fille en question était en train de discuter avec plus ou moins d’enthousiasme avec un petit groupe de personnes que Morten reconnaissait vaguement – il se pourrait donc qu’il la connaisse, au moins de vue. Elle finit par tourner la tête sur le côté, et le Serpentard put apercevoir son profil. Elle avait l’air très jolie, il aurait pu en effet quitter son fauteuil pour elle.

*La prochaine fois…* se dit-il en fermant les yeux et en s’enfonçant un peu plus dans les coussins, bien décidé à récupérer au moins une heure de sommeil.

Mais quelques instants plus tard, il sentit une présence autour de lui, si bien qu’il ouvrit les yeux et découvrit celle qu’il venait d’observer en face de lui. Morten se ressaisit aussitôt, se redressa et passa une seconde fois la main dans ses cheveux, sans la quitter du regard.

« Salut, Shayne. » fit-il en lui adressant un sourire en coin.

Il venait de la reconnaitre. Traiger Shayne, bien sûr, certainement l’une des filles les plus jolies, prétentieuses et arrogantes, mais surtout des plus intelligentes de Serpentard. Du moins, c’est ce que Morten en avait conclu après plus de sept années passées dans la même classe.

« Tu veux quelque chose ? »

C’était une belle journée pour la plupart des élèves. Sauf pour Traiger. Elle n’aimait pas le soleil, donc la lumière non plus. D’ailleurs ça la rassurait beaucoup que les cachots existent, et qu’elle soit à Serpentard. C’était son endroit idéal : calme –hors heures de pointe-, reposant et surtout sombre. Ce qu’elle aimait par-dessus tout, c’était en hiver lorsqu’il faisait bien froid de se mettre devant la cheminée avec un bon livre d’étude et rester là plusieurs heures. Rarement, il lui arrivait de s’assoupir.
Et à ce moment-là, la plupart des élèves étaient dehors essayant de profiter lamentablement du soleil qui ne produisait aucune chaleur. Dans la salle commune, il y avait un autre élève de première ou deuxième année qui avait mis des oreillettes sur les oreilles en écoutant de la musique très fort –trop fort même. Il balançait la tête à ce qu’il voulait être au rythme de la musique. Traiger se replongea dans ses tonnes de cours de métamorphoses : elle avait un énorme devoir à terminer déjà beaucoup entamé même presque fini. Le petit garçon se mit à chanter, ce qui commença à l'enrager. S’il chantait mieux que ça et moins fort en baissant le son de sa musique –tellement forte qu’il ne s’entendait pas- elle n’aurait pas protesté mais la déconcentrer lorsqu’elle travaillait était l’une des rares choses qui lui étaient insupportable –même si généralement elle savait garder son calme.
Elle sortit sa baguette et en la pointant sur l’élève elle prononça :

« Silencio. »

Subitement, le silence reprit le dessus dans la salle des verts & argents ce qui fit sourire Traiger. Elle se leva et fit face au jeune Serpentard. Elle ôta les écouteurs de ses oreilles pour qu’il puisse l’entendre.

« Écoute-moi bien. Même si je sais que je devrais aller étudier à la bibliothèque, je suis ici et je bosse. Et quand je travaille, ça se fait beaucoup mieux dans le silence. Et là le problème, c’est toi. Non seulement, ta musique est trop forte, pour tes malheureuses oreilles mais ça ce n’est pas mon problème, mais en plus de ça tu chantes trop fort et trop mal. Alors puisque tu es assis à côté de la fenêtre, je te suggère de chanter mal dehors. Et si tu ne veux pas il te reste toujours les couloirs et tout le reste de Poudlard, et même ton dortoir. Et en cas contraire si tu restes ici, tu baisses le son de ta musique et tu t’éloignes de moi ou tu travailles. J’ai été claire ? » dit-elle d’un ton dur et froid.

Durant sa leçon de morale, le garçon s’était figé sur place –avec ses gros yeux et son air tétanisé, il était assez marrant- et n’avait même pas cherché à comprendre ce qui lui était arrivé mais au moins, tout ce qu’avait dit Traiger avait eu effet sur lui et après qu’elle eut annulé son sort, elle lui dit juste avant de sortir :

« Ça sera toi qui martyrisera les autres lorsque tu seras en septième année. »

Il hocha la tête, craignant probablement de la contredire et sortit rapidement. Il lui faisait vraiment pitié à avoir tellement peur d’elle. Mais elle n’était pas contre le fait d’être aussi intimidante, au contraire elle trouvait cela plutôt plaisant. Elle retourna s’asseoir à la grande table et s’abandonna à un moment de détente. Elle s’étira, en baillant et en s’affaissant sur sa chaise. Elle ferma les yeux et soupira longuement. Elle faisait cela que très rarement et uniquement lorsqu’elle était seule puisqu’habituellement elle laissait toujours paraître sa froideur, son sérieux, et qu’elle était tout le temps accompagner de deux ou trois personnes. Cependant, elle se remit rapidement au travail. N’eut-elle que quinze minutes de bonheur que la porte de la salle commune s’ouvrait déjà sur un groupe de personnes qu’elle connaissait. Ceux-ci en parlant et rigolant bruyamment, s’installèrent à la grande table rajoutant Traiger au groupe. Évidemment, elle s’en serait bien passée mais elle resta à sa place, faisant mine d’être trop plongée dans son devoir pour leur adresser le moindre signe.
Avec tout le bruit que faisaient ses camarades, elle décida de s’attaquer à quelques exercices d’Etudes des Runes. Malheureusement pour elle, la jeune fille qui se trouvait à côté d’elle faisait les mêmes exercices et elle eut donc le malheur d’essayer de l’aider. Au moment où elle dut se tourner à 90 degrés pour parler à une personne qui se trouvait un peu loin, elle remarqua une personne de corpulence masculine assise sur le fauteuil le plus isolé de la salle qui se trouvait à proximité de la cheminée éteinte. Du coin de l’œil, elle vit que celui-ci était en train de la dévisager. Ceci lui arracha un sourire en coin mais elle s’arrangea pour que le Serpentard solitaire ne le voit pas –elle avait souri du côté opposé à celui-ci.

« Pourquoi tu souris ?
-Quoi ?
-Tu viens de sourire...
-Occupes-toi d'autre chose et soit plus attentif la prochaine fois. »

Elle rassembla ses affaires du mieux qu’elle le put et se leva pour partir en direction d’un fauteuil. Mais elle se rendit compte qu’un des garçons qui était attablé avec elle se leva et commença à la suivre. Elle le questionna avant de comprendre qu’il voulait venir avec elle, ce qui allait gâcher ses plans. Elle mit longtemps à le convaincre de ne pas l’accompagner, ce qui avait du l’éloigner c’était surtout le ton de Traiger. Elle prit un livre et cette fois-ci, elle se planta devant le jeune garçon. Jeune garçon fort beau, intelligent, grand drageur mais également arrogant. Sur ce terrain là, Morten et Traiger pouvaient bien s’entendre.
Elle avait pris le livre pour faire comme si elle n’était pas venue uniquement pour lui mais aussi parce qu’elle s’était dit que sa compagnie était bien meilleur que celle de toutes ces vieilles patacitrouilles décomposées collantes et brayantes et que cela pouvait lui permettre de s’échapper de ses discussions ennuyeuses et sans réel intérêt.
Oui, car il s’agissait bien de Morten Nielsen, la ‘’star’’ des Serpentards selon les hystériques. Selon Traiger c’était une personne comme une autre, certes physiquement bien plus beau que la généralité de Poudlard, mentalement… elle avait pour but de le découvrir. Un grand sourire apparut sur son visage, sourire traduisant beaucoup de choses. Au moment où elle déposa délicatement le gros bouquin sur la table basse sur laquelle il avait posé ses pieds il ouvrit les yeux et se redressa aussitôt. Le sourire de Traiger avait déjà disparu et elle releva doucement les yeux sur lui en le passant aux rayons X. Il lâcha quelques mots qui déplurent légèrement à Traiger.

« Pas Shayne, Traiger. Mes parents m’ont appelé comme ça, c’est pour que les autres m’interpellent ainsi. »

Cependant, elle n’était pas aussi froide que d’habitude, peut-être parce qu’elle était allée vers lui, volontairement. Ou tout simplement qu’il faisait parti de la ‘’meilleur’’ partie de la gente masculine –d’un point de vue extérieur.

« Le fauteuil sur lequel tu es assis… »

Elle lui aurait bien volontairement dit qu’elle cherchait à fuir ceux qui étaient à la table, et qu’il valait –à ses yeux- peut-être mieux qu’eux. Mais trop de franchise tue la franchise.

« Tu voudrais bien me le laisser ? »

Elle souria avec malice et planta son regard dans ses yeux à l’étrange –mais belle- couleur bleu-gris.

« Et pourquoi tu me détaillais autant, y a dix minutes ? Je t’ai vu en train de me dévisager quand j’étais avec les… autres à la table. »

Elle s’assit sur la petite table pour bien lui montrer qu’elle n’allait pas partir en courant et en hurlant parce qu’elle avait réussi à lui décocher deux phrases, mais au contraire qu’il prenne bien le temps de s’expliquer. Lui prouver qu'elle était bien loin d'être l'une de ses hystériques débiles.

'' Et ne ment pas, bel homme. ''

Le regard que lui lança Traiger l’effraya un instant. Rien qu’un instant. A peine quelques secondes. Morten n’était pas un trouillard. Encore moins lorsqu’une – jolie – fille le regardait de son air supérieur.

« Enchanté, Traiger. » répondit-il sans que son sourire ne s’efface.

Jusqu’à ce qu’elle lui parle du fauteuil. Alors elle était seulement venue vers lui pour lui prendre sa place ? Et elle avait pensé – ne serait-ce qu’une minute – qu’il allait se mettre à genoux comme n’importe quel autre abruti de l’école et lui laisser le fauteuil dans lequel il était assis ? No way. Mais son air malicieux indiqua au Serpentard qu’elle avait autre chose derrière la tête. Son côté vert et argent. Elle avait sa place ici, il le savait. Pas uniquement parce qu’elle savait mener les gens où elle voulait par le bout du nez, mais aussi parce qu’après sept années passées plus ou moins ensemble, Morten avait réalisé que cette Traiger n’était pas comme les autres. Même si finalement, il ne connaissait pas grand-chose d’elle. C’était peut-être l’occasion… En sachant que son propre charme ne pouvait pas la laisser indifférente.

Sans la quitter des yeux, il enleva ses pieds de la table et se pencha en avant pour saisir le livre que la jeune fille avait posé. Après s’être enfoncé une fois encore dans le dossier moelleux du fauteuil, il baissa les yeux afin de connaitre au moins le titre de ce qu’il tenait dans les mains. Un énorme roman. Il secoua la tête d’un mouvement imperceptible en remarquant que la seule personne qu’il connaissait étant capable de lire une telle chose n’était autre qu’Emma. Il ne comprendrait jamais quel intérêt elles pouvaient porter à tant de pages… Mais malgré tout, il ouvrit le bouquin et fit semblant d’en parcourir la première page. Il avait décidé de jouer la carte de l’indifférence.

« Et pourquoi tu me détaillais autant, y a dix minutes ? Je t’ai vu en train de me dévisager quand j’étais avec les… autres à la table. »

Grillé. Il s’était fait lamentablement griller. Tout comme il surprenait ces jeunes filles qui le dévisageaient sans cesse et qui devenaient aussi rouges que l’uniforme des Gryffondors lorsqu’il croisait leurs regards. Mais Morten ne se laissait pas si facilement impressionner. A l’instar de Shayne, visiblement. Calmement, il leva les yeux du roman en haussant un sourcil, le visage amusé, en répondant d’un ton totalement dégagé :

« Parce que t’es canon ? »

Carte de la franchise.
Et il replongea le regard dans le livre volumineux, qu’il referma brusquement deux secondes plus tard avant de le lancer sur la table. Il se redressa légèrement et reprit :

« Oh, c’est non pour le fauteuil. Mais il devrait y avoir de la place pour deux, si t’insistes. »

Puis Morten fit ce que tout jeune homme normalement constitué faisait en présence d’une jolie demoiselle : la détailler de haut en bas. Et Traiger était incroyablement sexy. Bien sûr, il avait eu de très charmantes petites-amies (il avait parfois même éprouvé un petit pincement au cœur quand il rompait), toujours plus jolies les unes que les autres – il eut en cet instant une pensée particulière pour Lyla, mais il devait avouer que la Serpentard n’étais pas mal du tout. Il pourrait envisager de lui demander de sortir avec lui – si elle ne le faisait pas avant, vu comment elle le dévisageait – mais aujourd'hui, il était trop fatigué. Alors il n’ajouta rien de plus, attendant simplement la riposte de Shayne.

« Enchanté, Traiger. »

Cette si petite phrase composée uniquement de deux mots l’irrita. Elle lui rendit son sourire nargueur , tout de même assez agacée mais elle ne laissait paraître aucune émotion. Elle continua à le détailler lorsqu’il se pencha pour prendre le livre et l’idée de faire en sorte qu’il perde l’équilibre pour lui prendre la place lui passa par la tête. Mais malheureusement, elle fut trop lente et ne fit rien. Et encore plus bizarrement, elle ne pouvait s’empêcher de le détailler : il avait les cheveux longs, ce qui le vieillissait et arborait une barbe naissante. Chose qui le rendait d’ailleurs cruellement sexy. Même trop sexy. Et ce physique plutôt négligé (à cause de ses cheveux et de cette barbe), c’était tout l’opposé de Traiger, elle qui faisait particulièrement attention à son apparence. Jamais elle ne négligerait ses cheveux à coiffer chaque matin... Traiger reprit ses esprits. Depuis quand est-elle aussi divertie par la gent masculine ? Depuis quand est-ce qu’elle se laissait autant aller ?

On pouvait croire que Morten prenait un certain plaisir à être indifférent, notamment lorsqu’il « parcourut » la première page de son livre. Il reposa le livre à côté de Traiger, et s’enfonça paisiblement dans le fauteuil.

« Parce que t’es canon ? »

Traiger eut du mal à réalisé ce qu’il venait de dire. Pendant quelques secondes, elle ne réagit pas, se contenant simplement de le fixer. Il l’avait prise de court. Depuis quand Morten Nielsen faisait preuve d’une telle franchise ? Peut-être qu’il était franc, après tout elle n’en savait rien elle ne le connaissait pas. Elle savait qu’elle était bien loin d’être moche mais de là à ce qu’un garçon avec qui elle parlait depuis même pas cinq minutes lui sorte ça comme ça, c’était un peu poussé. Mais cela faisait tout de même preuve d’une extrême franchise. Visage amusé, parfaitement bien décontracté, telle était la réaction de Morten après ce qu’il avait dit à Traiger. Mais maîtresse d’elle-même, elle contenait son énervement. Elle avait retenu un sourire à cause du petit pincement de joie qu’elle avait eu, ça faisait toujours un peu plaisir lorsqu’un des plus beau gars de Poudlard vous dit que vous êtes canon. Quoiqu’en y réfléchissant bien, il avait du le sortir plus d’une fois, c’était probablement une méthode de drague : la franchise. Puis lorsque ça sortait de sa bouche, ça ne faisait pas fuir les filles. Mais Traiger ne tombait pas aussi facilement dans les filets d’un garçon. Toujours assise, elle se redressa pour dire.

« Plutôt pas mal : très franc. »

*Et très étonnant*

Elle voulait reprendre le contrôle de cette conversation. Ne pas s’éloigner du sujet. Elle n’avait pas envie de partir sur le débat de « A quel point suis-je canon ? ». Surtout que ce n’était pas nécessaire, elle le savait déjà. Elle avait déjà entendu des multitudes de compliments sur son physique.

« Non, y a pas de place pour deux, t’es trop gros. »

Pointe d’ironie cependant dite sur un ton on ne peut plus sérieux. Traiger se leva.

« Morten, je me répète et tant pis si ça t’emmerde énormément mais… laisses moi ce fauteuil. Soit gentil, et prend en un autre. »

En disant cela, elle s’était postée sur le côté du fauteuil et avait posé ses mains sur l’accoudoir qui lui servait d’appuie pour se pencher et se mettre à son niveau mais aussi pour lui montrer sa détermination. Lorsque Traiger Shayne veut quelque chose elle l’obtient. Elle savait qu’elle allait aussi bien obtenir cette place, qui était sa place habituelle dans la salle commune donc son territoire, ainsi que l’énergumène posé dessus. Car déjà en quelques secondes, elle s’était décidée. Ce n’était pas le premier qui passerait entre ses mains et puis il était beau alors autant en profiter. Elle le fixa droit dans les yeux.

« Tu es un homme, je suis une femme. La galanterie avant tout… »

Elle releva légèrement la tête en détournant le regard et en émettant un rire très léger, puis se replongea dans son regard.

« Et puis je suis canon, pas vrai ? » dit-elle en relevant un sourcil.

Prit dans sa propre franchise.

[HJ: Et PAF !]

Morten était vraiment trop bien assis dans ce fauteuil, et n’avait aucunement envie de se lever pour faire plaisir à Shayne. Bien qu’il fut persuadé que s’il s’était agi d’une toute autre demoiselle, le Serpentard n’aurait pas hésité un seul instant et aurait laissé sa place ; oui mais voilà, Traiger Shayne n’était pas n’importe quelle jeune fille. Et il le savait tout autant qu’elle… Alors non, il n’allait pas se laisser envoûter par ses beaux yeux. Surtout que s’ils jouaient au même jeu tous les deux, la partie allait être très serrée… Et bien soit. Morten adorait jouer. Ça sortirait de l’ordinaire, et au moins, il ne risquait pas de s’ennuyer.

« Pas mal, la franchise ? Te fous pas de moi, tu ne vas quand même pas me dire que ça t’étonne. N’importe qui te dira ça, Traiger. »

Il haussa un sourcil amusé en laissant tomber ses bras par-dessus ceux du fauteuil, et continua d’observer la charmante créature au fur et à mesure qu’elle répliquait. Elle lui dit qu’il était « trop gros ». Haha, Morten, trop gros. La bonne blague. Musclé, oui. Mais gros… ce n’étais pas un adjectif pour lui, ça. Ses lèvres se tordirent alors en un sourire plus qu’amusé, et il serra le poing pour s’empêcher d’éclater de rire. Pour rendre son geste discret, il s’accouda au bras de son siège et posa sa tête dessus, ne cessant de fixer Shayne.

« Et pourquoi t’y tiens tant, à ce fauteuil ? »

Son sourire se transforma en une moue synonyme d’incompréhension. Ah les femmes ! Si ça se trouvait, elle n’en avait rien à faire, de cette place, tout ce qu’elle voulait, c’était l’embêter lui – et elle était pour ainsi dire très bien partie. Il commençait petit à petit à comprendre le système compliqué et tordu que constituait l’esprit féminin, mais il n’était jamais au bout de ses surprises. Et Traiger en était une belle, de surprise. Il était loin de l’avoir cernée, et sans doute ne le ferait-il jamais, mais ça valait le coup d’essayer, non ? Après tout, il était Morten Nielsen, et personne ne résistait au charme naturel de Morten Nielsen. Et la Serpentard n’échapperait pas à la règle.

Sauf si elle était « l’exception qui confirme la règle ».

Non, il ne fallait pas penser à cette hypothèse. Et elle se rapprocha. Un peu trop près – ce n’était jamais trop près pour le jeune homme, mais cette distance devenait une distance dangereuse pour ses pauvres hormones. Il garda cependant son calme, pencha la tête sur le côté et haussa de nouveau le sourcil droit ; ils avaient maintenant à peu près la même tête. Ils restèrent quelques instants ainsi, leurs visages très près, jusqu’à ce que Morten lâche finalement un soupir en se relevant.

« C’est bon, prends-le, ce fauteuil. Rejoins-moi vendredi matin, dans le parc. Il n’y aura pas grand monde, tu me trouveras facilement. »

Il avait murmuré ces derniers mots à l’oreille de Traiger, avant d’effleurer sa joue avec son doigt, d’un ton cependant un peu plus sec qu’il ne l’aurait sans doute voulu. Morten était vraiment fatigué, il devait absolument aller dormir quelques heures, et il ne voulait pas s’épuiser maintenant avec des tentatives de séductions qui de toute façon se révèleraient être vaines. Du moins, pour ce coup-ci… Shayne viendrait au rendez-vous, il en était persuadé.

[RP à suivre prochainement dans le parc]

HJ : Tu peux conclure, si tu veux, sinon, on laisse comme ça.

Sujet: Re: She always liked to play a lot... [Traiger]